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pensée et qui se ramènent au principe fondamental de la connaissance, au postulat sur lequel elle repose tout entière, qui est le rapport du principe à la conséquence. Ce postulat peut s’exprimer encore sous cette forme : l’expérience, externe et interne, est soumise à la nécessité. « Mais il n’est rien qui porte en soi le caractère interne de la nécessité à un aussi haut degré que la pensée sous sa forme logique. La nécessité lui est immanente. »

2o De même que la logique est la forme de notre connaissance, la métaphysique en est la matière, le contenu général (Inhalt). Et comme la matière n’est pas pensable sans la forme, la métaphysique est toujours soumise à l’influence de la logique.

Retracer l’influence de la métaphysique sur les sciences expérimentales serait un travail sans fin : rappelons seulement celle qu’ont exercée Schelling, Hegel, Herbart ; avant eux Bacon et Locke, sur l’empirisme et le matérialisme du siècle dernier. Il n’est pas même jusqu’à l’empirisme vulgaire qui ne se laisse pénétrer à son insu par la métaphysique dont il a peur : car, se fondant sur des préjugés de sens commun, il admet la réalité immédiate des données de la perception et cependant il sait que la physique et la physiologie montrent que les choses ne sont pas en réalité telles que nos sens nous les donnent.

Pour s’en tenir à deux seules questions, celles de la nature de l’âme et de la nature de la matière, n’est-il pas évident que la psychologie empirique est influencée par les théories métaphysiques, même chez ceux qui essaient le plus de s’y soustraire ? La doctrine atomiste qui remonte à Démocrite, la doctrine dynamique de Leibniz et de Herbart, n’a-t-elle pas eu une grande influence sur les progrès de la physique et de la chimie moderne ?


II

PHILOSOPHIE DES RELIGIONS

E. de Hartmann. La Religion de l’avenir, trad. de l’allemand. (Biblioth. de philos. contemp. Paris, Germer-Baillière, 1876).

Tandis que l’Allemagne protestante, à la suite du gouvernement prussien, s’engage presque tout entière dans une lutte suprême contre le catholicisme romain, le protestantisme, à son tour, se voit menacé par des adversaires aussi redoutables, quoique moins nombreux. Le Culturkampf, le combat pour la civilisation, lequel n’est qu’une forme supérieure de la lutte universelle pour l’existence, ne semble pas moins dirigé, au-delà du Rhin, contre l’avenir du protestantisme libéral que contre celui de la foi catholique.

Le vieux Strauss, le chef illustre de l’école de Tubingue, terminait sa carrière, il y a quelques années à peine, par une évolution inattendue