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gination et du goût, la partie mathématique elle-même si importante dans certains arts, tels que l’architecture et la musique, les règles de la versification dans la poésie, etc., tout cela est étudié par elle avec exactitude et avec soin, souvent avec des détails minutieux et suivant des procédés qui dépassent les limites d’un examen philosophique. Mais cela n’en constitue pas moins une partie curieuse et intéressante très-estimable, dans les divers ouvrages qu’elle a publiés. Il en est de même de ce qui regarde la psychologie et la physiologie. Elle a su mettre à profit et rattacher à son point de vue les découvertes des savants sur ces matières : les sons, les couleurs, les lois du mouvement, sur toutes les conditions du beau musical, et l’optique appliquée aux arts (Helmholtz). Ce sont de véritables services qu’il serait injuste de méconnaître et de rabaisser.

Signalons, en peu de mots, quelques-uns des travaux les plus remarquables exécutés en ce sens et selon cet esprit.

Herbart, avons-nous dit, n’a entrepris rien de spécial ni de développé sur cette branche de la philosophie qui, dans son système, se trouve pourtant absorber la morale. C’est la partie la plus négligée de sa philosophie. Elle n’est traitée d’une manière générale que dans le manuel qui sert d’introduction à sa philosophie[1].

Ailleurs, il n’a laissé que des aperçus généraux et des observations de détail, des critiques fines et judicieuses. Quant à l’ensemble de ses vues, il serait impossible d’en tirer une esthétique complète. En essayant de les coordonner on trouverait plus d’une contradiction qui prouve que sur bien des points il est resté indécis. Sa division des arts, si on la prend comme pierre de touche, est arbitraire et presque bizarre.

Ceux de ses disciples qui ont essayé de constituer la science, d’après ses principes, avouent eux-mêmes, comme Griepenkerl[2], qu’ils ont dû puiser à d’autres sources, emprunter à Kant, à Herder, à Jean Paul, etc. Ceux qui, comme Zimmermann, ont cru pouvoir construire une esthétique générale[3] avec les données du système, n’ont fait que montrer combien cette base est étroite et ne peut supporter l’édifice qu’on essaie d’y élever. Mais les analyses subsistent et ne sont pas moins précieuses. Bobrik[4] est aussi à citer pour ses fines remarques et la sagacité de ses recherches. D’autres ont laissé sur des points particuliers, comme le beau musical[5], les limites de la

  1. Lehrbuch zur Einleitung, p. 40-49.
  2. Lehrbuch der Æsthetik. Brunswigk, 1827, Vorred. IV.
  3. Allgemeine Æsthetik als Formalwissenschaft. Vienne. 1867.
  4. Freie Vorträge über Æsthetik. Zurich, 1834.
  5. Ed. Hanslick, Vom Musicalisch-Schönen, Leipsig, 1874.