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indépendantes et beaucoup de vues particulières. L’auteur s’est proposé de combler les lacunes qu’avait laissées celui-ci dans son œuvre et d’en corriger les défauts, d’approfondir et de développer les points qu’il n’avait fait qu’indiquer et trop légèrement traités, surtout de donner à cette science une forme rigoureuse et sévère, d’en coordonner toutes les parties pour en former un système régulier et complet. Nous regrettons de ne pouvoir donner de ce grand travail qu’une idée très-générale. La première partie, la métaphysique du beau, traite à fond toutes les questions que Hegel avait, sinon omises, à peine touchées, sur le beau, le sublime, le comique, etc. La seconde expose très-longuement ce qui dans Hegel est aussi très-brièvement décrit, les formes du beau dans la nature et ses divers règnes, et le développement de l’idée du beau dans l’humanité. La troisième, la philosophie de l’art, contient tout le système des arts. La théorie de chaque art en particulier est beaucoup plus complète et plus détaillée que dans Hegel. Chacune de ces parties forme un tout complet et un véritable système. — Tous les résultats de l’esthétique moderne sont résumés, développés et agrandis dans cet ouvrage. Chaque partie, disons-nous, est traitée avec un soin particulier et une pénétration remarquable. On y trouve en abondance des idées neuves et originales. Quoique disciple de Hegel l’auteur conserve partout sa manière de voir propre sur toutes ces matières. Sa critique est solide et judicieuse ; ses aperçus souvent neufs et non sans portée. L’histoire tient aussi beaucoup de place dans ce système. L’auteur reprend et développe les solutions données par ses prédécesseurs. Il rectifie et corrige leurs doctrines ; en même temps il s’en empare, en fait voir le côté vrai et cherche à les fondre dans la sienne. Cette vaste composition atteste, outre un savoir immense, une rare sagacité et une grande force de pensée. Il a fallu aussi une grande souplesse et une habileté peu communes pour remanier la méthode de l’école et arriver à lui faire produire des résultats nouveaux. Mais, à côté de ces mérites très-réels et très-grands, cet ouvrage offre des défauts qui ont nui à son succès et à son influence, comme l’auteur en convient lui-même (t. IV, Préf.). En première ligne est la forme d’exposition qu’il a choisie et qui rend l’intelligence de son livre aussi difficile que sa lecture est fatigante. Il a, selon un usage commode à l’enseignement, distribué son sujet en paragraphes entrecoupés de commentaires ou d’éclaircissements et de développements où se mêlent à la théorie, la critique et l’histoire des théories antérieures. Les paragraphes sont rédigés selon les procédés les plus sévères de la dialectique. La terminologie hégélienne y est observée dans toute sa sécheresse et son obscur laconisme. Cela est