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analyses.jacoby. Die Idee der Entwickelung.

fonder des principes de méthode, de trouver la généralisation abstraite des conceptions antérieures des sciences concrètes. Nous nous permettrons de remarquer que ce programme ne correspond pas au vaste domaine de la philosophie, qui est, en quelque sorte, en rapport inverse avec la science positive ; dans un avenir idéal, en possession de tout le domaine du savoir humain, la philosophie devra se contenter d’une simple méthode régulative et d’une généralisation d’idées ; mais tant qu’une grande partie du savoir n’est pas encore enregistrée dans les cadres de la science positive, la philosophie aura toujours le premier pas dans les questions d’éthique et d’esthétique ; elle sera aussi la cour suprême pour les controverses psychologiques et sociologiques tant que ces sciences concrètes seront encore in statu nascente. — Mais, dès maintenant, il est certain que les questions proprement métaphysiques, c’est-à-dire celles qui dépassent les limites de notre entendement, sont des questions oiseuses et ne sauraient être admises dans des études philosophiques.

Tel est à peu près le contenu du livre de M. Lessewitsch, qu’on lit avec beaucoup d’intérêt, et qui certes sera favorablement accueilli en Russie, où l’on sent vivement le besoin d’études sérieuses.

J. N… n.

Leopold Jacoby. — Die Idee der Entwickelung. (L’Idée de l’Évolution). Berlin, 1874-76.

Cet ouvrage est un essai de philosophie sociale développé par l’auteur dans des conférences publiques et recueilli par les soins de sténographes scrupuleux. C’est dire que cette étude ne présente pas au lecteur les qualités de concision et de simplicité qu’on est en droit d’exiger d’une publication régulière. La question traitée dans ces leçons n’en est pas moins pleine d’intérêt, on pourrait presque dire d’actualité : c’est celle de l’avenir de l’humanité, autant qu’il est permis de l’entrevoir d’après les données de la science et de la philosophie. Tout récemment un de nos penseurs les plus délicats exposait dans ses Dialogues philosophiques ses vues à cet égard, et ses conceptions raffinées sur l’organisation théocratique réservée à l’humanité future ont semblé le songe mystique d’un néoplatonicien christianisé. Cette divination de l’avenir, M. L. Jacoby l’entreprend à son tour, mais avec des idées tout autres, en s’appuyant sur les faits antérieurs du développement social et sur la connaissance générale de l’univers. Dans une première partie il explique quelle doit être l’organisation sociale de l’avenir ; dans la seconde et dernière il rattache ses conclusions à ses propres doctrines métaphysiques. L’Évolution étant la loi constante et nécessaire de l’Être, aussi bien de la nature inconsciente que de l’homme où cette loi