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Si on presse la peau, on a une sensation qui n’a rien de pénible : pour peu qu’on augmente la pression, la sensation ira en augmentant d’intensité, et finira par être très-douloureuse.

Des courants d’induction d’intensité graduellement croissante, ne tardent pas à devenir difficiles à supporter et finalement insupportables.

On pourrait ainsi prendre tous les nerfs sensitifs, tous les organes, tous les genres de sensibilité, sauf peut-être les nerfs de là Ie, la IIe et la VIIIe paires, et on verrait que constamment l’excitation forte d’un nerf produit de la douleur.

Différentes considérations pathologiques viennent à l’appui de cette loi.

Il ne faudrait en effet pas croire qu’un nerf a une sensibilité invariable, et que les conditions de sa transmission sont aussi régulières que la transmission d’un courant électrique dans un fil de métal : tout au contraire : l’état physiologique du nerf a une importance fondamentale.

Ainsi, quand le bras est fortement comprimé au-dessus du pli du coude, au moment où il y a de la thermo-hypéresthésie, un quart d’heure après le début de la compression des nerfs, il suffit de presser fortement un doigt de la main, pour faire éprouver au patient une vive douleur. Cette douleur semble une sensation de chaleur, mais ce n’en est pas moins une vraie douleur : cependant les centres ne sont en rien modifiés par cette compression périphérique.

Dans tous les cas de phlegmon, d’arthrite, de névralgie, etc., le moindre contact est douloureux, la plus légère excitation dans la sphère du nerf hypéresthésié produit une douleur intense, extrêmement redoutée par le malade.

Cet état d’hypéresthésie des nerfs, à la suite de causes diverses, soit inflammatoires, soit névralgiques, explique fort bien comment l’avulsion d’une dent malade est plus douloureuse que celle d’une dent saine, l’incision de la peau phlegmoneuse plus pénible que celle de la peau intacte. Ce sont comme des tissus tout préparés à la douleur par les souffrances antérieures, et une incision au milieu de ces tissus est en effet beaucoup plus douloureuse qu’au milieu des tissus sains. L’observation de chaque jour est là pour le confirmer.

Cette différence de sensibilité entre des parties enflammées et des parties saines est telle que certains organes absolument insensibles normalement, deviennent sensibles aux excitations douloureuses, quand ils s’enflamment. Aussi pouvons-nous, depuis les expériences de Flourens, regarder comme démontré que les tendons.