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périodiques. — Philosophische Monatshefte.

terme contienne la cause (Realgrund). Il a aussi le mérite d’avoir établi que la règle « conclusio sequitur partem debiliorem » ne vaut que pour le rapport de la possibilité et de la réalité, non pour celui de la réalité et de la nécessité.

Martin Knutzen et son temps. Contribution à l’histoire de l’école de Wolff, et en particulier à l’histoire du développement de Kant, par Benno Erdmann (Leipzig. Voss, 1876).

Schaarschmidt fait le plus grand éloge de ce livre, qui comble une lacune importante dans l’histoire des origines de la pensée de Kant. Erdmann voit dans Knulzen le promoteur de cet éclectisme, qui régnait dans les universités allemandes pendant la jeunesse de Kant, et qui, d’un côté, combinait le Wolfianisme avec le piétisme, de l’autre introduisait les vraies pensées de Leibniz dans la métaphysique et la psychologie des Wolfiens. La préface du livre expose la situation de la philosophie pendant les deux premiers tiers du xviiie siècle, le rôle de Knutzen et l’influence dont il jouissait. Le premier chapitre nous décrit l’état de l’université de Königsberg de 1700 à 1750, et la domination qu’y exerçait la théologie d’Albert Schulze, à la fois Wolfien et piétiste. Le 2e chapitre est consacré à l’analyse de divers écrits de Knutzen. Le 3e expose longuement la lutte qui s’engagea entre les Wolfiens sur la question de l’harmonie préétablie. Après avoir duré de 1720 à 1740, cette lutte finit par le triomphe de la théorie de l’influx physique,.que décida le livre de Knutzen, systema causarum efficientium. L’analyse de cet ouvrage capital et l’exposé des raisons qui amenèrent Knutzen à rejeter l’harmonie préétablie des Wolfiens, font l’objet du 4e chapitre. Les écrits ultérieurs de Knutzen, et en particulier son De immaterialitate animi sont étudiés dans les trois chapitres suivants. Enfin le 8e et dernier chapitre traite de l’influence de Knutzen sur Kant. Les premiers écrits de Kant, par leurs rapports fréquents avec les idées de Newton, et la Religion dans les limites de la raison par son inspiration piétiste, témoignent hautement de la part qui revient à Knutzen, newtonien et piéteste, dans le développement de Kant.

De Witte : Essais pour l’intelligence de Kant (Berlin, 1874) ; Études préparatoires à la connaissance de la réalité inaccessible à l’expérience (Bonn, 1876) ; Salomon Maimon (Berlin, 1876) ; Sur la théorie de la connaissance et l’Éthique (Berlin, 1877).

Entre les nombreuses monographies, auxquelles l’interprétation du rôle et de la valeur de l’a priori kantien dans la connaissance a donné lieu, à côté des travaux de Bona Mayer et de Cohen, il faut faire une place à ceux de J. M. Witte. Cet auteur se pose partout en défenseur convaincu, pénétrant, ingénieux de l’a priori kantien. Il accorde sans doute à Bona Mayer que l’a priori se trouve, mais nie qu’il se démontre par la voie empirique, etc. L’analyse psychologique de Witte fait de l’a priori une pure création de l’esprit ; il le rapporte à la partie divine de notre pensée. Mais il va plus loin que Kant, et lui attribue une valeur objective, et soutient même qu’il y a des connaissances a priori pures.