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modifié nos idées sur la place de l’homme dans la nature. Il faut 1° les défendre contre les fausses conséquences qu’on a prétendu tirer de la sélection et de la lutte pour l’existence ; et 2° leur chercher, à l’encontre de la morale des métaphysiciens, une base dans les dispositions physiques, dans les tendances essentielles de l’espèce humaine. L’auteur a rempli la première partie de cette tâche dans son précédent ouvrage : « Les conséquences philosophiques de la. théorie de l’évolution. » Le présent livre est consacré à la seconde. Shaftesbury se recommande surtout à l’attention des moralistes par sa théorie trop négligée des affections. Il les divise en naturelles, ou tendant au bien de l’espèce tout entière ; égoïstes, ou relatives à la conservation et au développement de l’individu ; et dénaturées, ou anormales, c’est-à-dire contraires à l’une comme à l’autre de ces deux fins. Cette distinction mérite d’être traitée comme classique. Schaftesbury l’emporte en ce point sur Spinoza, qui ne lui est supérieur que par le détail des observations, et aussi sans doute par la réduction ingénieuse qu’il sait faire des affections secondaires et tertiaires aux affections primaires. Mais Spinoza n’a pas su voir que les affections génériques comme les affections individuelles sont également primitives et irréductibles, Shaftesbury a reconnu et a contribué ainsi à poser l’un des fondements d’une morale vraiment conforme à la nature. On ne saurait savoir trop de gré à Von Gizycki d’avoir appelé l’attention sur un philosophe, surtout sur une doctrine trop peu connus.

H. Steinthal. (L’origine du langage en rapport avec les derniers problèmes de toute science. Dümmler. Berlin, 1877).

Cette troisième édition du livre connu et très-estimé de Steinthal ne résout pas sans doute, plus que les précédentes, toutes les difficultés du vaste problème, qu’elle aborde peut-être prématurément : mais on est heureux d’y retrouver la même science étendue, la même critique, et l’on admire la bonne foi avec laquelle Steinthal sait mettre à profit les critiques de ses adversaires, celles de Geiger par exemple.

Suivent une série de très-brèves indications, fournies par les auteurs eux-mêmes, sur des ouvrages récents.


PHILOSOPHISCHE MONATSHEFTE.

Herausgegeben von Schaarschmidt.
ARTICLES ORIGINAUX :

Professeur : J. Bergmann. La science et la vie.

Platon demandait que les chefs d’État fussent philosophes. Depuis, ultramontains et socialistes se sont montrés dominés par la même pensée dans leurs utopies théocratiques ou humanitaires. Ils n’ont