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chacune d’elles ayant lieu autour d’axes constants, et ne différant que de grandeur, on peut les considérer comme des termes comparables d’une série, séparés l’un de l’autre par une distance définie et exactement mesurable. Ainsi, toutes les fois que le rayon qui agit sur le point produira une impression plus vive que celles dont le reste de la rétine est affectée au même moment, le mouvement sera exécuté ; mais si trois rayons agissent avec la même force simultanément sur les trois points , , , ni l’un ni l’autre des trois mouvements , , ne s’accomplira, et l’œil restera en repos malgré les excitations qu’il subit. Les mouvements intérieurs des fibres nerveuses , , , qui auraient provoqué les rotations , , , ne se perdent cependant pas dans ce cas ; ils persistent en se faisant équilibre l’un à l’autre et en produisant sur l’âme les impressions qu’ils auraient produites s’ils avaient été seuls, et sans que la coexistence des autres les contrarie. Or, comme dans les expériences antérieures, ces impressions ont été suivies des rotations effectives , , , elles rappellent à la conscience les images de ces mouvements, et ainsi se trouvent constitués les signes locaux , , , qui sont les idées reproduites dans l’imagination des mouvements à faire pour transporter les excitations des points , , , au point où la sensibilité est éminente, c’est-à-dire pour leur donner le maximum possible de clarté et de vivacité. Comme ces mouvements sont d’ailleurs exactement définis en grandeur et en direction, les signes locaux , , , permettent à la perception de mesurer, l’œil restant en repos, la grandeur et la direction de la distance qui sépare, dans le champ de la vision, les impressions , , du point e où elles seraient le plus vives.

Nous n’entrerons pas ici dans la discussion interminable des difficultés que l’on soulèverait, en appliquant cette hypothèse à tous les problèmes qui peuvent s’offrir dans la merveilleuse fonction de la vision. Mais nous devons examiner quelques objections fondamentales qu’on pourrait lui opposer. Nous nous sommes quelquefois servis, pour abréger, de l’expression tendances au mouvement pour désigner les signes locaux ; on a critiqué cette expression comme ambiguë et incompatible avec les notions précises que la mécanique doit appliquer aux phénomènes physiques. Nous ne nous attendions guère à cette objection, car nous pensions avoir distingué, sans équivoque, les mouvements physiques, qui s’opèrent dans les nerfs, des affections psychiques correspondantes. Nous croyons devoir soutenir cette distinction en face de ceux qui parlent de mouvements psychophysiques et nous semblent ainsi poser en principe la confusion qu’on nous reproche d’avoir admise par négligence. Ce