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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS




MIND

A quarterly Review, etc., edited by. G. Croom Robertson. July 1877. London.

Ch. Darwin. Esquisse biographique d’un petit enfant. L’intéressant article publié par M. Taine dans la Revue Philosophique sur ce sujet (tome I, p. 3), a conduit M. Darwin à revoir un journal d’observations faites par lui, il y a 37 ans, sur ses propres enfants. Dans l’extrait qu’il nous donne ici, il s’est attaché surtout à étudier la naissance des émotions et des sentiments — Colère. Il croit l’avoir notée, dès 2 mois et demi chez un enfant à qui l’on faisait boire du lait froid. En tout cas, dès l’âge de 4 mois, l’expression de la colère n’était pas douteuse ; afflux de sang à la tête. À 2 ans, l’enfant jetait des livres et des bâtons à ceux qui l’irritaient. Darwin n’ayant jamais noté ce dernier fait chez les filles, en conclut que l’action de jeter des projectiles est héritée par les garçons. — Crainte. C’est probablement l’un des premiers sentiments que l’enfant éprouve. Conduit à l’âge de 2 ans 3 mois aux Zoological Gardens, un enfant eut un vif plaisir à voir la plupart des animaux ; mais les plus grands, renfermés dans des cages, lui causèrent une terreur invincible. « Cette vague frayeur, indépendante de toute expérience, n’est-elle pas, dit Darwin, un effet hérité des dangers réels et des superstitions abjectes de l’époque sauvage ? » — Sensations agréables. L’enfant a un sourire de plaisir vers le 45e ou 46e jour. Darwin a noté des signes positifs d’amusement au 110e jour. Enfin, à 4 mois, l’enfant montrait un vrai plaisir à entendre jouer du piano : c’est le premier indice de sentiment esthétique qu’on puisse noter — Affection. Aucun signe incontestable avant quatre mois. À un an environ, signes spontanés d’affection, tels que caresses, baisers pour une nourrice qui a fait une courte absence. Signes de jalousie vers 15 mois et demi ; mais il est probable qu’elle vient plus tôt. — Raison, association des idées, etc. Sous ce titre, Darwin montre par divers faits comment l’enfant remonte des effets aux causes, lie les signes aux choses signifiées. C’est dans la facilité d’associer des idées nouvelles, dit l’auteur, que je trouve la plus grande différence entre l’esprit d’un enfant et celui d’un chien adulte, le plus intelligent que j’aie connu. Il rappelle aussi ce fait, cité par Möbius, d’un brochet qui, trois mois durant, s’obstina à aller se heurter contre une paroi de verre qui le séparait de goujons ; puis, son éducation faite, il fut placé dans un aquarium avec les mêmes gou-