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Ch. bénard. — l’esthétique du laid

ment agité dans sa totalité et dans ses parties ; c’est là un résultat considérable. Qu’il laisse beaucoup à désirer, cela n’est pas douteux. L’auteur lui-même est loin d’avoir la prétention d’avoir fait une œuvre complète. Il le dit dans sa préface.

Quoi qu’il en soit, pour aller plus loin, il faudra compter avec lui, partir de lui pour le dépasser. Déjà, d’autres, dans cette école, et l’an d’eux qui fait honneur à cette science, M. Schasler, l’ami de M. Rosenkranz, promet une théorie nouvelle du laid, comme un des points importants d’une esthétique nouvelle[1].

La première partie du livre de M. Rosenkranz, la moins originale, est déjà remarquable en ce qu’elle résume et suppose des résultats généraux obtenus, qui jettent une vive lumière sur ce problème spécial déjà avant lui fortement agité. Pour qui est au courant de ces questions, cela est difficile à contester.

La partie systématique et d’analyse, malgré ses défauts, n’a pas d’antécédents. Elle marque donc aussi un progrès notable, à la fois quant aux détails et à l’ensemble. La classification est sujette à bien des critiques. Elle est, si l’on veut, artificielle. La dialectique qui l’a construite doit faire place à une méthode plus large, qui accorde à la science plus d’air et de liberté. Mais elle a au moins cet avantage de réunir et de grouper des faits jusque-là épars et disséminés, de les rapprocher et d’en rendre la comparaison plus facile. Quant aux analyses, que nous n’avons pu faire connaître et apprécier, si plusieurs sont incomplètes, elles conservent leur valeur avec les exemples et les jugements qui les accompagnent. En tout cas, la voie reste ouverte à d’autres, pour lesquels elle sera plus facile à parcourir.

Ch. Bénard.
  1. Geschichte der Æsthetik, p. IX, XXIV, Vorwort, Ibid., p. 10 etsuiv., 26, c.