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analyses. — hartmann. Erreurs et vérités.

contradictoire de la causalité et de la téléologie ; et qu’il s’en est affranchi dans la Critique du jugement par l’hypothèse transcendantale d’un principe d’unité.

L’auteur reprend, à son tour, ce difficile problème de la conciliation du mécanisme et de la finalité. L’un et l’autre, bien loin de se contredire, se supposent réciproquement, « Le but peut-il être but sans moyen correspondant ? peut-il être question de téléologie sans un système de moyens naturels, c’est-à-dire sans un mécanisme. » (154) La prééminence, toutefois, appartient à la téléologie. Au fond, les deux principes ne sont que « les divers moments d’un même processus logique. » (156) L’état de nos connaissances et vraisemblablement la faiblesse incurable de notre entendement ne nous permettent pas de déterminer à priori si les seules lois mécaniques des atomes suffisent à la réalisation des fins naturelles que nous constatons inductivement ; et s’il faut associer à ces lois le concours d’autres lois organiques de formation ou d’évolution. Nous nous laissons donc guider par les indications et les besoins de l’expérience : et, sans doute, nous devons nous attendre sur ce terrain « à un déplacement permanent des limites de notre connaissance. » (155) Lors même que les lois mécaniques suffiraient à l’explication des organismes, il ne suivrait pas de là, comme Kant semble le croire, que l’explication téléologique n’aurait plus aucune raison d’être. Il en résulterait simplement « que la téléologie est réalisée dans le monde de la manière la plus conforme à la finalité qu’il soit possible de concevoir. » Les savants font du reste une pure pétition de principes, en soutenant qu’il n’y a dans la nature que des actions mécaniques. Ce préjugé naît de ce que l’objet de la science de la nature, à la différence de la philosophie de la nature, est exclusivement la recherche du lien causal mécanique, et est transformé par eux en objet unique de toutes les sciences (162). M. de Hartmann examine ensuite l’objection qui se tire du principe de la conservation de la force contre l’admission de principes téléologiques.

Nous recommandons tout particulièrement ce chapitre final aux lecteurs philosophiques.

Il y aurait sans doute bien des réserves de détail à joindre à cette analyse. Le nouvel opuscule d’Oscar Schmidt : « Les fondements scientifiques de la philosophie de l’Inconscient » (1877 Leipzig, Brockhaus) forme avec son livre connu : « Darwinisme et Descendance », un correctif et un contrôle indispensables à l’ouvrage de M. de Hartmann. Bornons-nous à signaler à l’examen critique du lecteur les considérations, un peu brèves, et peu concluantes, selon nous, que notre auteur présente sur l’hérédité, l’effet de l’usage et du non-usage des organes, sur l’action des milieux, enfin sur le grave problème de la conciliation du mécanisme et de la finalité. Quoi qu’il en soit, l’opuscule de M. de Hartmann est, comme tous ses autres livres, une mine abondante d’informations et de réflexions.

La traduction, généralement élégante et ferme, fait honneur au zèle