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analyses.zœllner. Theorie der materie.

Par suite, pour une force électro-motrice donnée, certains corps seront conducteurs, d’autres isolants.

L’identification des vibrations électriques moléculaires et calorifiques permet de concevoir de deux manières différentes le transport de la chaleur à l’intérieur des corps. Elle s’effectue, dans les conducteurs, sous l’influence de forces électro-motrices, et avec transport d’électricité. Elle n’est possible dans les corps isolants que par un autre mode de transmission, qui n’implique pas le transport de matière électrique, et sur lequel l’auteur ne prononce pas nettement. C’est toute une branche de la physique laissée de côté. En négligeant d’étudier dans leur détail les rapports de la chaleur rayonnante et de la lumière avec sa théorie électrique, M. Weber n’ouvre-t-il pas lui-même une porte aisée à la critique ? Il semblerait, au contraire, que l’auteur dût s’attacher spécialement à ces faits, dès longtemps expliqués par l’élasticité de la matière éthérée, et s’efforcer de les réduire aux lois de l’action à distance, sous peine de renoncer pour ces lois à l’universalité que M. Zœllner veut leur attribuer.


IV. L’exposé qui précède, quoique très-succinct, suffira aux lecteurs de ce recueil pour apprécier le caractère et l’importance de la tentative dont nous avions à rendre compte. Nous nous réservons d’entrer plus tard dans d’autres développements à cet égard, quand M. Zœllner aura publié les volumes suivants de son ouvrage. Mais nous croyons devoir dire de suite ce que les physiciens sont en droit d’exiger quand on leur propose de nouvelles hypothèses sur la constitution de la matière : toute tentative qui ne remplirait pas ces conditions risque de les trouver profondément indifférents ; les philosophes jugeront si c’est à tort ou à raison.

La plupart des physiciens sont avant tout des expérimentateurs, et certes MM. Weber et Zœllner peuvent réclamer hautement ce double titre. Pour les expérimentateurs, ce qui constitue essentiellement la science, ce sont les faits : les hypothèses prématurées tombent bientôt dans un oubli profond ; mais leur place est marquée dans l’histoire de la physique, quand elles ont ouvert à l’expérimentation une voie nouvelle. Si elles groupent d’une manière simple un très-grand nombre de faits et de lois qu’on ne sait pas réunir autrement, elles conservent leur rang dans la science officielle, aussi longtemps qu’elles n’impliquent pas de contradiction évidente ; et quand l’hypothèse condamnée disparaît, elle fait place à une autre qui en général laissera groupées les lois qu’elle avait groupées, en y adjoignant tout un nouveau cortège de vérités scientifiques.

Quand on jette un coup d’œil d’ensemble sur la physique actuelle, on sent bien que plusieurs des grandes hypothèses qui lui servent de base n’ont pas le caractère de vérités définitives et qui s’imposent absolument : diverses branches sont constituées en corps de science indépendante, et les hypothèses qu’on y admet couramment, sont quelquefois bien difficiles à concilier avec celles que l’on admet ailleurs pour