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curieux que le précédent. Ces atomes vibrent de manière que leur distance demeure comprise entre deux limites finies, déterminées par les données initiales du mouvement. On a là une nouvelle classe de systèmes vibrants, beaucoup plus intelligible que l’autre, car il n’est plus nécessaire ici de parler de distances nulles entre des atomes distincts, et de vitesses infinies, acquises et perdues dans le courant d’une demi-oscillation qui dure de seconde. Aussi les applications sont-elles plus claires, et plus susceptibles de développement analytique.

Le cas le plus intéressant, est celui ou les deux atomes, animés d’un mouvement de rotation, conservent une distance fixe. On peut, par exemple, considérer l’atome négatif comme adhérent à une molécule matérielle très-lourde, et par suite comme sensiblement immobile, tandis que l’atome négatif se meut en cercle autour de ce système, comme une planète autour d’un soleil. La théorie magnétique d’Ampère conduit justement à la considération de courants électriques moléculaires, circulant sans rencontrer de résistance, c’est-à-dire sans dégagement de chaleur ; et Weber n’a pas de peine à établir que le mouvement planétaire de l’atome positif, autour de l’atome négatif, remplit toutes les conditions imposées du problème, et par suite fournit la meilleure interprétation connue des phénomènes magnétiques.

On considérait, depuis Coulomb, les deux fluides électriques, réunis en quantités égales pour former le fluide neutre, comme en repos dans les corps non électrisés. M. Weber nous propose d’attribuer une structure à ce fluide neutre. Sous l’influence de forces électro-motrices extérieures, les cercles décrits par les atomes positifs (primitivement orientés en nombre égal dans toutes les directions, comme l’exige la théorie d’Ampère), vont s’allonger en manière d’ellipses dans le sens où s’exerce la force électrique ; et, suivant les conditions propres de leur orientation et de leurs distances individuelles, il arrivera nécessairement que quelques-uns des systèmes moléculaires se trouveront rompus, et qu’il y aura transport, dans le sens du courant, d’une quantité d’électricité d’autant plus grande que la force électro-motrice sera elle-même plus considérable. Le transport de l’électricité positive s’effectue de molécule à molécule : tel atome positif arraché à l’atome négatif son compagnon, passera dans le voisinage de et , les saluant par de simples inflexions dans sa route, pour s’associer quelque temps à l’atome qui lui présentera des conditions plus propices, etc. La chaleur développée par le courant n’est que l’accroissement de l’agitation moléculaire moyenne, produit sous l’influence de la force électro-motrice.

Cette manière d’interpréter la production des courants conduit à la notion d’un maximum de l’intensité dont le courant est susceptible dans un conducteur donné, maximum non encore reconnu par l’expérience, mais soupçonné par quelques physiciens. Il peut aussi y avoir, suivant la constitution des corps, un minimum[1] de la force électro-motrice nécessaire pour produire un courant d’intensité infiniment petite.

  1. Mémoire publié en 1874.