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boutroux.zeller et l'histoire de la philosophie

temps il s’adonnait à des études théologiques générales et approfondies. Mais, dès cette époque, il faisait des recherches dans le domaine de la philosophie grecque, qu’il jugeait nécessaire de bien connaître, pour mieux comprendre qu’on n’avait fait jusqu’alors l’histoire du christianisme primitif[1]. Il employa l’hiver 1836-1837 à l’étude de Platon. L’été suivant, pendant lequel il fut pasteur adjoint de campagne, fut consacré à Aristote. Puis il passa un hiver à Berlin (1836-1837) où il entendit, non-seulement les célèbres théologiens Marheineke, Vatke[2] et Neander, mais encore le jurisconsulte et historien Éduard Gans ; il visita ensuite plusieurs autres universités allemandes. En 1839 furent publiés, sous le titre d’ « Études platoniciennes » (Platonische Studien), les premiers résultats de ses travaux sur la philosophie grecque.

La même année M. Zeller rentra au séminaire théologique de Tübingue comme répétiteur (Répètent), et commença immédiatement des cours de théologie à l’université de cette ville. Pour pouvoir se consacrer tout entier à cet enseignement, il quitta le séminaire en 1840, et se fit recevoir privatdocent de théologie (automme 1840). C’est en cette qualité qu’il fonda (1842), de concert avec plusieurs érudits, la « Revue théologique » (Tkeologische Jahrbücher), laquelle, pendant ses quinze années d’existence (1842-1857), fut l’organe scientifique de l’école de théologie critique dite a nouvelle école de Tübingue ». Cette école ouvertement rationaliste, et professant des doctrines voisines de l’hégélianisme, appliquait sans compromis aux questions religieuses les règles générales de la critique historique et philosophique[3]. M. Zeller dirigea cette revue jusqu’en 1847, époque de son départ de Tübingue. La direction passa alors aux mains de Baur, qui la conserva jusqu’à la fin. Ce recueil renferme la plupart des travaux théologiques de M. Zeller ; une partie de ces études donna naissance à l’ « Histoire des Apôtres » (Die Apostelgeschichte, nach ihrem Inhalt und Ursprung), parue en 1854. Indépendamment de cet ouvrage, M. Zeller publia (1847) un abrégé de l’histoire de l’Église (Gesch. d. christlichen Kirche). À ses cours sur les doctrines théologiques, M. Zeller joignit des cours

  1. Baur publia en 1837 (Zeitschr. f. Theol.) un article sur le côté chrétien du Platonisme, où il exposait que l’élément relativement pratique de l’État platonicien avait été réalisé dans l’Église chrétienne, et cela en vertu de la doctrine de la substantialité de l’idéal, commune à Platon et au christianisme.
  2. Auteur d’un ouvrage intitulé : Die mensckl. Freih. in ihr. Verhaeltn. z, Sünde u. gœttl. Gnade, 1841. M. Zeller traita en 1846-47, un sujet analogue (Theol. Juhrb, V, VI. V. la note suivante).
  3. Cette revue contient, entre autres études philosophiques de M. Zeller, une série de trois articles intitulée : Ueber d. Freiheit d. menschl. Wiltens, dus Bœse, u. d. moralische Wettordnung (Theol. Jahrb., V, VI, 1846, 1847).