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E. ZELLER

ET SA THÉORIE DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE

(suite et fin[1])

III

Si la réduction hégélienne de l’être à la pensée, des faits aux lois, du contingent au nécessaire, était légitime, l’histoire proprement dite et la philosophie de l’histoire se confondraient dans une dialectique à la fois formelle et réelle ; et la méthode historique coïnciderait exactement avec la méthode de construction logique. Repousser la réduction des faits aux lois au nom de la contingence effective qui réside dans les choses, c’est consacrer radicalement la distinction de l’histoire proprement dite, qui recherche et expose les faits sans se demander s’ils marchent à un but, et de la philosophie de l’histoire, qui cherche à démêler, à travers le désordre des faits, la formation d’un processus distinct, ayant ses lois propres, et acquérant une consistance et une direction de plus en plus déterminées. La méthode historique a dès lors des principes et des procédés propres, qui ne sont pas ceux de la méthode de synthèse philosophique. Elle est essentiellement objective et critique.

Quels sont les principes et les procédés de la méthode applicable à l’histoire de la philosophie proprement dite ?

D’une manière générale, comme l’objet à connaître renferme des éléments contingents et des éléments nécessaires, la méthode requise doit admettre une part d’observation et une part de raisonnement ; et comme, dans l’objet, le nécessaire et le contingent ne sont pas juxtaposés, mais intimement unis, et n’admettent que des changements de proportion, la méthode ne peut, en aucun cas, consister dans une observation toute dégagée du raisonnement, ou dans un

  1. Voir le numéro précédent de la Revue, p. 1.