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manière de voir formée dans l’étude de la physique. Il n’est pas nécessaire d’aborder ici cette discussion au point de vue métaphysique. Au point de vue logique, il est certain que, dans l’état actuel de nos connaissances et de nos observations, le déterminisme absolu des phénomènes humains est un principe d’explications qui se trouvent fausses, et que l’idée de la liberté relative demeure,. en psychologie, le principe directeur des hypothèses sérieuses. Libre à chacun de penser que l’idée de la volonté, considérée comme une cause, est une explication provisoire ; mais cette explication nous est nécessaire, et les théoriciens qui ne l’admettent pas tombent dans de manifestes erreurs.

Il existe donc, dans chaque science particulière, des principes directeurs des hypothèses qui varient selon l’objet de ces sciences. La réduction de tous les phénomènes au mouvement de la matière, et la loi de l’inertie placée à la base de la théorie du mouvement, sont les principes directeurs dans l’étude de la matière inorganique. La spontanéité des êtres vivants combinée avec les lois qui régissent la matière inerte et la finalité en vertu de laquelle cette spontanéité maintient, pendant un temps déterminé, la vie de l’individu, et, d’une manière indéfinie, la vie de l’espèce, sont les principes directeurs des études biologiques. L’existence de causes libres, et les combinaisons incessantes de leurs effets avec tout l’ensemble des forces biologiques et physiques sont les principes directeurs pour l’étude de l’homme.

II

Au-dessus des principes directeurs des sciences particulières, nous avons à considérer des principes plus généraux relatifs à la science dans sa totalité, ou plutôt un principe qui se manifeste dans des applications diverses. L’esprit humain muni de l’appareil logique, recherche les classes, les lois, les causes, les fins des phénomènes observés. Cette quadruple direction de la pensée se remarque déjà dans les manifestations de l’intelligence des enfants ; elle a été formulée par Aristote ; et c’est une des erreurs de la philosophie moderne que d’avoir voulu exclure les causes et les fins des cadres de la science universelle. Dans la recherche des classes, des lois, des causes et des fins, l’intelligence est dirigée par un principe propre à la raison qui est la recherche de l’unité. La recherche de l’unité se manifeste sous trois formes principales : l’induction qui généra-