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incrollabile, inconcusso e non sindacabile), le peu que nous en rapportons frappera tous les esprits. On voudra lire l’ouvrage lui-même et les conquêtes du platonisme italien à l’étranger viendront consoler M. Mamiani de l’invasion de plus en plus triomphante en son pays des doctrines anglaises, françaises et allemandes.

A. Espinas.

Alberto Mario. — Teste e figure, studii biografici. Padova, F. Salmin. 1877..

M. Mario a pensé sans doute en nous envoyant son livre que nous ne ferions aucun cas des injures grossières qu’il y adresse à notre pays. Il a eu raison. Nous avons même cherché avec beaucoup d’attention quelque chose à louer dans ce volumineux recueil d’articles, et ce n’est pas notre faute si nous n’avons rien trouvé. Le seul qui mérite d’être parcouru, est celui qui est écrit à la gloire de C. Cattaneo (1801-1869), philosophe patriote, ami de l’auteur et se rattachant comme lui à l’école positive. Nous en dirons quelques mots.

Il n’était pas nécessaire, pour introduire Carlo Cattaneo, de retracer toute une histoire de la philosophie italienne depuis la Renaissance. Et s’il convenait d’indiquer.quels furent depuis le commencement du siècle ses précurseurs positivistes, encore eût-il été d’une bonne méthode d’exposer les causes de ce mouvement incertain et intermittent, de lier par quelque vue d’ensemble ces philosophes qui se sont produits isolément sous les influences les plus diverses, et de vivifier l’exposé de leurs doctrines en y mêlant quelques idées personnelles. Rien de moins intéressant que ce pâle résumé des doctrines de Testa, un condillacien qui écrivait à Plaisance vers 1830 des livres dont on ne nous dit pas le titre, de Ferrari dont nos lecteurs connaissent la philosophie sociale, mélange de Comte et de Vico, de Franchi, polémiste ardent, qui de prêtre s’est fait positiviste, sans rompre avec la religion du sentiment. De sèches indications ne suffisent pas pour faire comprendre un système ; il faut montrer l’esprit qui l’anime en expliquant le jeu de ses parties les unes sur les autres et leurs rapports réciproques ; il faut surtout faire voir sous quelles influences et au milieu de quelles circonstances favorables ou défavorables ce système a pris naissance.

À vrai dire, le positivisme a eu jusqu’à nos jours un rôle assez effacé dans l’ensemble de la philosophie italienne. C’est en vain que M. Mario enfle la voix pour nous faire croire à l’importance de son héros. Les doctrines de Cattaneo, à en juger par ce qu’en dit le panégyriste lui-même, ne sont pas de nature à lui assurer une place dans l’histoire des idées.

L’ancienne métaphysique, suivant Cattaneo, a été impuissante à fonder une doctrine universellement acceptée, tandis que les sciences positives imposaient leurs théories à tous les esprits. De plus la première, en déduisant de l’Idée de l’Être le système du monde, a l’inconvé-