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quant et qui l’ont poussé à accomplir un acte criminel ? Si ces auteurs étaient logiques, ils devraient admettre que l’état émotionnel doit toujours être une circonstance atténuante, sinon un motif d’acquittement, var il restreint la liberté de l’agent quand il ne la détruit pas tout à fait. Mais les criminalistes de cette école n’ont pas pu se résigner à accepter une solution aussi dangereuse pour la société. Ils se sont ingénié à trouver des distinctions entre les passions qui suppriment la liberté de l’agent et celles que lui permettent de réfléchir et de vouloir ; ils n’ont admis les premières comme circonstances atténuantes qu’à la condition qu’elles fussent légitimes. M. Puglia fait bonne justice de ces arguments, qui montrent l’incertitude du critérium dont se servent les criminalistes classiques pour mesurer la responsabilité pénale.

Pour les partisans de l’école criminaliste positive, la passion et l’émotion peuvent être des circonstances aggravantes, des circonstances atténuantes ou des causes de non-culpabilité, selon qu’elles révèlent que le délinquant est plus ou moins dangereux pour la société ou tout à fait inoffensif. Le premier soin du magistrat doit être de procéder à l’examen somatique et psychique du délinquant pour déterminer la catégorie à laquelle il appartient. La nature de la passion qui l’a déterminé à agit peut être d’un grand secours dans cette recherche. S’il appartient à la catégorie dés délinquants aliénés, ou demi aliénés, ou incorrigibles, il présente au plus haut point un danger pour la société, et, par conséquent, on doit le condamner à une réclusion perpétuelle. S’il appartient à la catégorie des délinquants par habitude, par occasion ou par impulsion éthique, la nature de sa passion non seulement peut servir à déterminer la catégorie dans laquelle il doit être rangé, mais encore peut servir à fixer le degré du danger qu’il présente pout la société. Il est clair que, dans ce cas, l’étude des passions a une importance toute particulière, car la durée de la mesure répressive doit dépendre de la durée de l’état émotionnel et des modifications que cet état peut subir.

Si la passion à laquelle le délinquant à obéi est noble, généreuse, morale, aucune répression ne doit être exercée contre lui, car-il ne présente aucun danger social. Quand la passion n’est pas morale en elle-même, mais se justifie par les conditions dans lesquelles elle a pris naissance, même solution pour le même motif : tel est par exemple le cas de la causa honoris. En dehors de ces circonstances, le délinquant devra être soumis à des mesures variables de répression, eh rapport avec le danger qu’il présente ; ce dernier élément se déduira des circonstances du fait, ou mieux encore des facteurs divers qui ont concouru à la production du délit.

Garofalo. Le danger social de quelques théories juridiques. — Article de polémique.

Lombroso. La folie morale et le délinquant de naissance, — Intéressante étude d’anthropologie criminelle.