Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
469
revue des périodiques

même un article beaucoup moins élogieux sur une brochure de J. Virgilio ayant pour objet L’évolution du champ économique. Nous y voyons relever, entre autres choses, une confusion très fréquente en Italie, et pas très rare chez nous, qui tend à faire de positiviste un synonyme de positif. L’auteur dit que « l’illustre fondateur de la philosophie positive fut celui qui formula pour la première fois la loi d’évolution ». Ce n’est pas exact : cette loi fut tout à fait inconnue à Comte, à moins qu’on ne veuille la voir dans sa fameuse doctrine des trois états de l’esprit humain ; mais il est communément admis que l’honneur d’avoir formulé le principe de l’évolution appartient à la science et non à la philosophie, et plus spécialement aux sciences biologiques. L’évolutionisme moderne accepte beaucoup du positivisme comtiste, mais il le dépasse en ce qu’il est plus ample, moins négatif, et, j’oserais dire, plus philosophique. »

II. — G. Canestrini : Charles Darwin et la biologie.Tot sunt species quot ab initio creavit supremum Ens, tel est l’axiome qui régnait, soutenu par la grande autorité de Cuvier, et, malgré l’écho d’une voix discordante, celle de Lamarck, quand parut l’œuvre principale de Darwin sur l’origine des espèces. Le naturaliste anglais a établi les causes du fait reconnu par Lamarck. La théorie darwinienne, de même qu’elle a changé la base de l’étude des êtres vivants, ne pouvait pas ne pas exercer une très grande influence sur toutes les branches de la biologie, et aussi sur l’anatomie, la physiologie de l’homme et des animaux, sur la botanique systématique, et sur l’anatomie et la physiologie des plantes. L’auteur de cet article s’efforce de prouver la vérité de ces assertions avec autant de brièveté que possible. Voici l’’énumération des principaux points établis par cette consciencieuse étude : En zoologie, la barrière qui séparait le règne animal du règne végétal est tombée ; l’idée de l’espèce a été profondément modifiée ; le système naturel a reçu une signification claire et précise ; l’adaptation des organismes à leurs conditions de vie trouve une explication plausible dans la lutte pour l’existence et dans la sélection naturelle qui en est la conséquence ; la théorie darwinienne explique le perfectionnement progressif des organismes ; Darwin a eu le mérite d’avoir appelé l’attention des savants sur les rapports biologiques qui existent entre les êtres organiques ; il a donné une base scientifique à l’étude de la distribution géographique des animaux et des êtres vivants en général ; les instincts des animaux trouvent une explication scientifique dans la théorie de l’évolution ; la théorie darwinienne assigne à l’espèce humaine le poste qu’elle mérite par ses caractères psychiques et physiques ; la théorie darwinienne nous a fait connaître en détail les différences sexuelles secondaires et a tenté d’en expliquer l’origine par la sélection sexuelle. Darwin a contribué à montrer la grande influence que les petits animaux exercent sur la nature. En anatomie comparée, la théorie darwinienne donne une explication plausible des types organiques ; elle a démontré que les caractères anatomiques sont eux-mêmes sujets à