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ANALYSESwundt. — Der Spiritismus.

fique la solution de problèmes qu’on pourrait obtenir en s’adressant simplement aux esprits ? Jusqu’ici, il est vrai, les réponses de ceux-ci n’ont guère été de nature à détourner les savants du chemin des laboratoires et des bibliothèques. Tout en avouant que les esprits familiers de Slade, au moins, « ne sont pas encore arrivés aune pleine et entière connaissance de la vérité », Ulrici a osé affirmer que la science et la puissance de ces spectres ont néanmoins déjà dépassé de beaucoup la science et la puissance de l’homme ! Voilà certes des doctrines qui, si elles se répandent un jour chez des nations en décadence, ou même chez des peuples d’une culture moyenne, apporteront d’effroyables ravages dans la vie intellectuelle de l’humanité.

C’est pour combattre l’influence pernicieuse de pareilles rêveries, plus dangereuses peut-être qu’elles n’en ont l’air, même à noire époque, — car elles répondent à notre plus ancienne conception du monde, à ces idées héréditaires qui veillent toujours dans les profondeurs mystérieuses de notre conscience, — c’est pour protester contre cet abaissement, contre cette abjection où voudrait nous réduire la doctrine spirite, que Wundt a répondu publiquement au fâcheux article d’Ulrici.

La Réponse d’Ulrici à Wundt, qui vient de paraître, et dont nous avons transcrit le titre, s’attache à réfuter presque phrase par phrase, à la manière scolastique, les principales thèses du professeur de Leipzig, mais sans produire un seul fait, un seul argument nouveau. Ulrici paraît avoir eu surtout à cœur de prouver à Wundt que cette loi de causalité, sur laquelle repose tout l’édifice de nos sciences, n’est en réalité qu’une loi de l’esprit, un principe rationnel, une nécessité logique de l’entendement humain, mais non une loi de la nature, un fait sensible et d’expérience. Ulrici en appelle à Hume. Si la loi de causalité était plus qu’une hypothèse, si elle était l’expression suprême de ces lois d’airain qui, sous les noms de nécessité ou de déterminisme universel, dominent le cours éternel des choses et font de l’univers un fait unique, il faudrait nier, s’écrie Ulrici, avec tout libre arbitre, toute moralité. N’a-t-il pas déjà fait voir, dans son livre Dieu et la nature, dans ses Esquisses de philosophie pratique, qu’elles n’existent point, ces lois inéluctables qu’invoquent les partisans de la conception mécanique du monde, conception purement matérialiste en ce qu’elle se passe de la Providence, des causes finales et de la vie future. Ulrici accorde, d’ailleurs, que les forces libres et volontaires de l’homme, ainsi que celles que manifestent les esprits, laissent subsister, tout en intervenant dans le cours des phénomènes et eu le modifiant, les lois delà gravitation, de la mécanique, de la physique et de la physiologie. Il semble avoir oublié que la loi de causalité n’est en somme que la loi de la persistance, de la conservation, de la corrélation et de l’équivalence des forces de l’univers, et que la trame serrée et continue des phénomènes naturels n’a jamais admis, que nous sachions, aucune intervention surnaturelle. Aussi bien, il ne raisonne plus : il croit, et, comme tous les apologistes, il saisit, il embrasse tous les motifs de