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échappent à l’action de la justice officielle ? La loi n’est elle-même qu’un secours pour mieux connaître la coutume. Ainsi donc, la science du droit proprement dite, la philosophie du droit, comprend non seulement la connaissance des lois écrites, mais celle des coutumes qui se sont succédé et des causes de leurs variations. Une fois en possession de cette connaissance, on pourra travailler sûrement au progrès du droit.

L’objet qu’il se propose étant ainsi défini, M. B. de La Fléchère consulte successivement pour l’atteindre :

1o L’histoire du développement de la conscience dans l’humanité. — Tel est du moins le titre assez ambitieux d’un chapitre qui embrasse trop de choses et trop vite pour les bien étreindre. D’après l’auteur, à ces sentiments tout internes de souffrance et de jouissance qui sont les faits primitifs de la conscience humaine succède le sentiment du monde extérieur et de notre dépendance vis-à-vis de lui-, de là naît la religion, qui a par conséquent pour origine la crainte, La religion est d’ailleurs le germe de toutes les manifestations de l’esprit, philosophie, sciences, arts, politique, droit. Parmi les croyances religieuses, celles-ci sont individuelles : nous nous les faisons à nous-même ; celles-là sont sociales : la société nous les impose ou nous les insinue. Ces dernières ont été établies dans le dessein de régler avec toute l’autorité désirable les relations des hommes entre eux ; mais, par suite du discrédit où les progrès de la science ont fait tomber les religions, il a fallu chercher une autre base au droit. Le droit naturel ne pouvait suffire ; car, tout en croyant qu’il existe, nous ne savons en quoi il consiste. Nous en aurions seulement — si nous avons bien compris l’auteur — une intuition confuse, et ce pressentiment d’un idéal mystérieux ne se transformerait en connaissance qu’à la lumière de l’histoire des croyances et des lois humaines. D’une telle étude historique, faite en vue de s’approcher le plus possible des principes, résulte la philosophie du droit. — Le reste du chapitre est consacré à l’exposé très sommaire de la longue lutte soutenue par les croyances individuelles contre les croyances sociales, et de l’émancipation graduelle de l’esprit humain. Aujourd’hui, après Kant, après Herbart, la vraie méthode est enfin connue : elle fait leur juste part à l’idéalisme et au sensualisme, ce qui n’empêche pas l’auteur de l’appeler exclusivement du nom de méthode expérimentale. Elle se propose, dit-il, « de transformer nos connaissances empiriques, pleines d’incohérences et de contradictions, en des connaissances rationnelles, capables de satisfaire nos besoins. »

2o La psychologie, la logique et la métaphysique, la morale.

Psychologie. — M. B. de La Fléchère a jugé opportun de remonter à l’origine de l’univers, d’en expliquer physiquement la formation, puis de reprendre, après M. Spencer, la genèse du système nerveux et de la pensée. Quant à ses théories touchant la sensibilité, l’intelligence et la volonté, nous en retrouverons tout ce qui nous importe dans la logique