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liard. — théorie de la science et de l’induction

force, d’affinité, de polarité, de puissance vitale, relatives à la découverte des causes. Sans revenir sur ce que nous avons dit plus haut du caractère à priori, indûment attribué par Whewell à quelques-unes de ces soi-disant idées fondamentales, il est aisé de constater que, au point de vue de la méthode, la division en idées relatives aux lois et en idées relatives aux causes ne se soutient pas. Je n’en veux pour preuve que le commentaire donné par Whewell lui-même de l’induction placée par lui parmi celles qui sont censées dépasser les lois, sous le nom d’induction de substance. « L’idée de substance, dit-il, implique cet axiome que le poids du tout composé doit être égal aux poids des éléments séparés, quelque changement qu’aient pu occasionner la composition ou la séparation des éléments. L’application de cette maxime peut être appelée la méthode de la balance. » Mais quelles révélations sur la nature et le jeu des causes pourrait bien nous donner l’application de cette méthode ? Que nous fera-t-elle connaître, sinon des rapports et des lois ?

Arrivons aux méthodes spéciales d’induction, applicables à la détermination des lois. — Whewell, nous l’avons vu, a défini les lois « les règles auxquelles les phénomènes obéissent ». Mais, comme il fait de l’induction le procédé par lequel l’esprit surajoute aux faits observés des conceptions appropriées qui les unissent et les ordonnent, les méthodes spéciales qu’il va décrire auront pour objet, en dernière analyse, d’appliquer aux faits certaines conceptions dérivées des idées fondamentales ; ce ne seront pas, comme dans Stuart Mill, des procédés permettant de dégager, de la trame complexe et sans lacunes des phénomènes, les antécédents invariables et inconditionnels des faits à expliquer. Par là même, les méthodes de Whewell, bien que générales, sont restreintes à ceux des faits où sont engagés certains rapports. Malgré cela, il n’est pas sans intérêt de les faire connaître.

Un premier groupe comprend les méthodes d’induction applicables à la quantité. « Dans les cas, dit Whewell, où les phénomènes sont susceptibles d’une mesure et d’une expression numériques, certaines méthodes mathématiques peuvent être employées pour faciliter et préciser la détermination de la formule par laquelle les observations sont liées en lois. Les principales sont la méthode des courbes, celle des moyennes, celle des plus petits carrés et celle des résidus. »

La méthode des courbes consiste à tracer une courbe dont les quantités observées sont les ordonnées, et dont la quantité de laquelle dépend le changement de ces quantités est l’abscisse. — L’efficacité de cette méthode résulte de ce fait que l’ordre et la régularité appa-