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PÉRIODIQUES. — Zeitschrift für Philosophie.

maine, que noire ignorance demeure invincible sur tous ces points. Si les manifestations des esprits se multiplient aujourd’hui, c’est qu’elles sont nécessaires pour affermir la foi chancelante de nos contemporains à l’existence des esprits, à l’immortalité des âmes.

Ed. v. Hartmann : Phénoménologie de la conscience morale. (Analyse par Rehmke.) Hartmann veut dans son nouveau livre établir par l’induction fondée sur les faits la vérité de la morale pessimiste ; mais, tout comme dans la Philosophie de l’inconscient, sa méthode n’est analytique qu’en apparence. Au fond, il débute par un principe qu’il pose arbitrairement, dans l’intérêt de son système ; et toutes ses prétendues inductions ne sont, en réalité, que des conséquences plus ou moins habilement dissimulées de ce premier principe. Il commence dans sa Phénoménologie par établir que la volonté tend nécessairement au plaisir, n’a d’autre fin que le bonheur. Les expériences qu’il invoque lui servent surtout à démontrer que la volonté, dans cette poursuite nécessaire, essentielle du plaisir, n’atteint et ne récolte sûrement que la souffrance. — Mais il n’est pas vrai que la volonté n’aspire qu’au plaisir, qu’au bonheur : Hartmann reconnaît lui-même l’empire des mobiles moraux et nullement égoïstes sur la volonté humaine. Et d’ailleurs, avant de connaître le plaisir, la volonté a dû agir, poursuivre une fin. — Hartmann place encore le devoir suprême de la vie dans la coopération entièrement désintéressée à la fin universelle et absolue. Mais en travaillant à l’œuvre de la nature, ou à l’œuvre divine, la volonté humaine ne connaît plus les mécomptes : elle est assurée d’être satisfaite ; elle doit donc goûter le plaisir parfait. L’optimisme se trouve être ainsi la philosophie d’une volonté qui a rompu avec les illusions de l’égoïsme et s’est identifiée à la volonté infaillible de l’Eternel. — Malgré ces critiques, Rehmke rend hommage à la richesse d’observations, à l’originalité et à la profondeur des pensées, aux éminentes qualités d’écrivain et de moraliste, qui signalent, comme la précédente, la nouvelle œuvre d’Ed. de Hartmann.

Ulrici : La question de la philosophie scientifique. Ulrici reprend, sans la fortifier par de nouvelles raisons, son interminable polémique contre Avenarius.


PHILOSOPHISGHE MONATSHEFTE.

1879, Ire, IIe, IIIe, IVe et Ve livraisons.

Lasson : Sur l’objet et la méthode de la philosophie de la religion.

Depuis Héraclite et Xénophane jusqu’à Hegel, bien des philosophes ont cherché à construire la philosophie de la religion. Les uns ont étudié, sous ce nom, la formation, le sens des dogmes religieux : ainsi Otto Pfleiderer, dans son remarquable et récent ouvrage Philosophie de la religion sur un fondement historique (Religionsphilosophie auf geschichtlicher Grundlage, Berlin, 1878). D’autres, comme Zeller,