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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



Alaux. — De la métaphysique considérée comme science. — Paris, Pedone Lauriel, 1879.

Ce livre est un essai de défense de la vieille métaphysique spiritualiste, ou du moins de celle qu’on est convenu d’appeler de ce nom. Le spiritualisme de l’école est, inutile d’en faire la remarque, un système peu cohérent dans ses différentes parties ; la métaphysique en est panthéiste, la psychologie en est personnaliste, pour me servir d’une expression de M. Janet. L’homme y est libre, mais ses actes sont prédéterminés ; Dieu y est une personne, mais il est l’infini, l’absolu, l’éternel, l’être du monde, etc. Donc le spiritualisme ainsi entendu est moins un système qu’une doctrine à deux faces, l’une tournée vers la métaphysique panthéiste, l’autre tournée vers l’observation psychologique, le tout mêlé, fusionné tant bien que mal, exprimé dans une langue très peu précise où l’élégance des phrases et la rondeur des périodes dissimulent assez mal l’indécision des termes et l’absence de formules rigoureuses.

L’ouvrage de M. Alaux est un volume de plus de 400 pages. Il comprend une introduction, deux livres, en tout sept chapitres.

La science. — Ce chapitre vient après une Introduction dans laquelle l’auteur, très optimiste, prophétise l’avènement prochain du spiritualisme. Il se propose ici d’établir que la science ne se suffit pas à elle-même, que les mathématiques, la physique, les sciences naturelles supposent et impliquent, chacune à des titres divers, l’existence de la raison. La conclusion est juste : il y a à regretter que M. Alaux ait glissé aussi rapidement qu’il l’a fait sur les prémisses. La discussion est superficielle, et aucun effort ne semble avoir été tenté pour rajeunir le débat.

Les idées de raison. — Après une courte escarmouche contre le sensualisme des positivistes, qui suppriment, en les dénaturant, l’infini, l’absolu, la cause, la substance, le temps, l’espace, etc., après une distinction entre le fait et le droit, entre ce qui est et ce qui doit être, on pose nettement l’existence d’idées innées. Ces idées sont dans nos jugements : en elles, il est permis de voir la trame dont sont tissées toutes nos affirmations, toutes nos pensées. Etudions la pensée.

La pensée est jugement ou suite de jugements. Le jugement est l’acte de l’esprit qui affirme. Mais on affirme toujours une chose d’une