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hartmann. — la philosophie religieuse

mann a fait ressortir avec une perspicacité et une science convaincantes. « La conscience personnelle, dit Pfleiderer, consiste à se distinguer comme être personnel d’autres êtres personnels, à se coordonner comme partie d’un tout à d’autres parties d’un tout… La liberté personnelle est celle qui poursuit ses propres buts, qui sont distincts des buts et des lois du tout ou qui leur sont même opposés. » Il remarque avec justesse que la croyance en un dieu personnel provient de la prépondérance de l’élément sémitique sur l’élément arien, et que par une conséquence naturelle elle doit fortifier la croyance populaire à un gouvernement extérieur arbitraire de Dieu en opposition avec l’ordre régulier du monde, tandis qu’en réalité la liberté de Dieu est identique à la nécessité de l’ordre du monde.

Dans un autre endroit, Pfleiderer fait la remarque suivante : « Cette unité est considérée comme une personnalité libre placée au-dessus du monde ou comme une raison inhérente au monde et le gouvernant d’après certaines lois ; selon que la conscience pratique qui cherche en Dieu le type originaire de sa propre liberté, ou que la contemplation réfléchie du monde, qui nous conduit à reconnaître la nécessité universelle du tout, forme le coefficient prépondérant de notre conscience de Dieu. » D’après ce que nous avons dit, cette observation, telle qu’elle est présentée, doit nécessairement être rejetée comme une source d’erreurs ; elle ferait croire, en effet, que les deux manières de concevoir Dieu sont également justifiées, et même que la première mérite peut-être la préférence. Voici ce qu’il aurait fallu dire : La conscience pratique, aussi longtemps qu’elle a l’illusion de considérer sa propre liberté comme élevée au-dessus de toute détermination par des motifs, croit devoir attribuer également à son Dieu une liberté indéterminée qui naturellement peut seulement être cherchée dans une volonté personnelle. Elle concevra, au contraire, la liberté divine comme identique avec la nécessité absolue, aussitôt qu’elle aura perdu l’illusion de son propre libre arbitre et qu’elle aura compris que ses propres déterminations dépendent du processus régulier de la motivation. Présentée de cette façon, cette conception de Dieu, qui identifie la liberté et la nécessité en Dieu et qui reconnaît dans le contenu du processus du monde le développement régulier de la raison absolue, n’apparaîtra plus comme une conception coordonnée ou même supérieure au concept d’un dieu personnel ; elle se montrera à nous comme la seule soutenable et supprimant complètement ce dernier concept.

Telle est aussi au fond l’opinion de Pfleiderer, et il faut reconnaître qu’il ne sacrifie pas, comme Biedermann, aux traditions, en s’effor-