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ment une certaine mesure de vérité ; c’est pourquoi elles sont bonnes aussi longtemps que leur impropriété n’a pas été reconnue ; mais, aussitôt cette impropriété reconnue, elles sont mauvaises et intenables et doivent être remplacées par de nouvelles formes adéquates à leur contenu ou préalablement regardées comme telles. Pfleiderer ne semble pas avoir eu complètement conscience de cette nécessité logique ; autrement, il n’aurait pas demandé que l’époque actuelle conservât certains symboles et dogmes chrétiens dont il démontre lui-même l’insuffisance représentative.

Si, après ces considérations préliminaires, nous examinons de plus près les recherches de Pfleiderer, nous pouvons envisager seulement les résultats spéculatifs, sans nous arrêter au développement historico-génétique de la partie matérielle de la religion. La première partie de l’ouvrage s’occupe de la croyance en Dieu et traite des prétendues preuves de l’existence de Dieu ; « c’est une description du chemin parcouru par l’humanité guidée plutôt par ses pressentiments que par la réflexion. » Par la preuve cosmologique, l’auteur entend celle qui de l’ordre du monde conclut l’existence d’une cause unique du monde ; par la preuve téléologique, il entend celle qui démontre l’activité rationnelle téléologique de la cause unique du monde, en se basant sur la téléologie du processus du monde qui résulte des lois naturelles mécaniques ; par la preuve morale, il entend celle qui démontre la révélation immanente de la volonté absolue dans la volonté humaine par l’autonomie de la conscience morale, telle qu’elle est reconnue expérimentalement ; par la preuve ontologique, il entend celle qui démontre l’identité de la pensée et de l’être dans la cause absolue de l’être par le dualisme psychique et physique du monde phénoménal. Ces preuves démontrent que Dieu est et aussi ce qu’il est ; prouver l’existence de Dieu sans montrer en même temps quelle est son essence serait pour nous aussi impossible qu’inutile. Dieu est l’unique cause de tout, donc il est absolu ; en outre, il est la cause de la vie psychique du monde et de l’action téléologique des lois mécaniques, donc il est esprit. La combinaison des concepts de l’absolu et de la spiritualité détermine l’essence de la divinité ; dans les cas où la combinaison des deux concepts contient encore des contradictions, c’est un signe qu’on comprend inexactement l’un ou l’autre, si ce n’est l’un et l’autre. D’après Pfleiderer, le panthéisme fait prédominer l’élément absolu sur l’élément spirituel, le déisme fait prédominer l’élément spirituel sur l’élément absolu, tandis que le théisme occupe entre eux le juste milieu.

Ici nous devons présenter des objections à propos de la terminologie. Par déisme, on entend un théisme qui, à la vérité, laisse sub-