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est comblée par ces représentations moitié fantastiques, moitié intellectuelles que Hegel appelle simplement « la représentation » (en opposition avec le concept).

Comme la représentation forme la transition entre l’imagination sensible et le concept intellectuel, elle est aussi la forme la plus convenable pour l’acte religieux qui s’élève du domaine sensible au domaine spirituel. Mais il faut remarquer que celte observation s’applique seulement à celui qui est encore au bas de l’échelle et non à celui qui a déjà appris à distinguer entre le contenu intellectuel de la vie religieuse et le revêtement sensible primitif, c’est-à-dire à celui qui a appris à saisir les choses sous une conception adéquate. Les contradictions inhérentes à la représentation ne constituent pas un défaut pour une conscience religieuse, qui ne s’en est pas rendu compte nettement ; mais elles en constituent un pour une conscience qui a reconnu et pénétré ces contradictions. Dans le dernier cas, ces fondements de la représentation paraissent insuffisants non seulement à la conscience intellectuelle, mais encore à la conscience religieuse, et c’est précisément celle-ci qui demande que ces bases de la représentation soient corrigées, dans l’intérêt de sa propre conservation, après que l’illusion de l’imagination s’est évanouie. Ces corrections se font d’abord dans le domaine de la représentation et produisent seulement une conception plus subtile, qui, loin d’écarter les contradictions, les rend plus profondes, puisqu’elle cherche à les voiler. Mais la critique pénètre toujours plus en avant, et chaque forme de la représentation dont la raison a triomphé devient à partir de ce moment incapable de servir de base à la conscience religieuse. Pfleiderer reconnaît certainement ce principe d’une manière générale, mais il ne l’a pas exprimé avec assez de précision, ce qui explique pourquoi il l’a renié dans certains cas que nous mentionnerons plus loin.

D’après ce qui a été dit, on voit déjà comment Pfleiderer a compris la situation de la raison critique à l’égard de la conscience religieuse. A ses yeux, former et fixer rationnellement le dogme, c’est déjà un travail critique préliminaire spontané, « le commencement du triomphe de la raison sur le dogmatisme qui a été inoculé dans le sang de la religion par sa mère, l’imagination. » La marche progressive de la critique qui détruit et décompose est une action nécessaire et indispensable pour exposer les contradictions inhérentes aux dogmes issus de l’imagination et des idées représentatives. La réflexion n’introduit pas ces contradictions dans les principes représentatifs de la religion, mais elle extrait seulement celles qui y sont contenues implicitement. Assurément, elle choque la conscience