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où elle n’a parfois jamais été. L’acte est déterminé parfois par une volition, parfois par un sentiment, parfois par une idée ou une sensation, parfois par un processus inconscient. C’est dans l’étude de nos actes surtout qu’il faut tenir compte de l’inconscient, et par conséquent des faits physiologiques, si l’on ne veut pas arriver à des lois incomplètes, à des résultats incompréhensibles.

Il faut distinguer la détermination de la volonté de la détermination de l’acte. Les causes qui peuvent agir sur la volonté et amener indirectement, de cette manière, l’accomplissement d’une action, peuvent aussi déterminer l’action directement et sans l’intermédiaire de la volonté. Si par exemple j’appuie involontairement ma main sur un fer rouge et que je la retire brusquement, ce ne sera pas parce que j’aurai voulu la retirer, mais simplement parce que je me serai brûlé.

En somme, on peut dire que l’action, phénomène physiologique, est déterminée par un processus physiologique, accompagné ou non de faits de conscience, parmi lesquels peut indifféremment se trouver ou ne pas se trouver une volition. Dans un grand nombre de cas, la volition n’existe pas ; au lieu donc de me servir du terme de volonté, en parlant des actions et de leur production, je préfère employer le mot activité, qui désigne bien entendu, non une cause occulte, mais un ensemble de faits.

Ce sont les erreurs de l’activité que j’ai à examiner, et le mot d’erreur, ainsi employé, demande une explication. Tout phénomène de l’ordre psycho-physiologique implique une relation déterminée entre l’organisme et l’ensemble de ses conditions d’existence. Selon la nature de cette relation, nous disons qu’il y a erreur ou connaissance exacte, hallucination, illusion, ou sensation normale, nous pouvons appliquer le même mot d’erreur aux actes de la volonté qui sont contraires à l’adaptation de l’organisme à ses conditions d’existence. Les aberrations de l’activité peuvent être des actes contraires aux tendances actuelles de l’agent ; dans ce cas, il y a une sorte de lapsus ; elles peuvent aussi être dues à une perversion plus ou moins grande, plus ou moins durable du sens moral. Il y a, dans tous les cas, perturbation à des degrés différents dans le fonctionnement des organes qui servent à l’activité, comme il y avait tout à l’heure perturbation dans les organes qui servent à la sensibilité et à l’intelligence. Les lapsus linguæ, les mauvaises habitudes, les crimes constituent autant d’erreurs, d’aberrations de l’activité.

On a dit souvent que nos actions sont déterminées par le motif le plus fort. Cette affirmation est inexacte si, par motif, on désigne un état de conscience, car nos actions peuvent être déterminées, em-