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table, morose, contrariée » est le symptôme principal de la maladie de son pays.

Le second chapitre au contraire n’est qu’une reprise des thèmes les plus usés de la morale prudhommesque.

« La mode, dans son manque de goût, son manque de naturel, sa barbarie, est une marque caractéristique, mais triste de notre époque… Jamais un tel ensemble de démentis n’avait été donné aux formes humaines ; tout ce qui est beau et important est rejeté en arrière ; tout ce qui est inférieur, physique, animal, violent est affiché, agrandi, exagéré. »

En réponse à ce réquisitoire, il serait facile d’établir que les défauts prétendus de nos modes n’ont aucune valeur caractéristique : il nous suffirait de citer les célèbres atours du temps de Charles V et les fameux manteaux de la Régence. Nous pourrions observer également combien sont déplacées, trois siècles après les vertugadins, les invectives de l’auteur contre cette innocente invention que les Allemands appellent cul de Paris, mais que les gens bien élevés appellent tournure. Un parallèle entre les dames de noire temps et les merveilleuses. de 96 ou les Anglaises de 99 inspirerait peut-être au lecteur quelque indulgence pour nos contemporaines. Mais nous n’insisterons pas : par sa double qualité de philosophe pratique et de citoyen de Magdebourg, M. Horvicz paraît peu disposé à Comprendre que la mode n’est que le besoin du superflu.

Si les pages consacrées à la démocratie sociale ou au radicalisme philosophique et religieux n’ont guère plus que les précédentes le mérite de la nouveauté, elles ont incontestablement celui d’être vraies.

La démocratie sociale est définie une « démocratie transportée d’un milieu éclairé à des masses ignorantes, transplantée d’un sol riche en un terrain pauvre, traduite de la langue des théories politiques dans celle des désirs et des convoitises pratiques. »

L’auteur des Lettres morales n’étudie pas moins bien l’intransigeance et le mépris de l’histoire professés par les radicaux, l’influence du matérialisme sur la propagation de la maladie sociale, les conséquences pratiques et le caractère superficiel de cette doctrine, son indifférence vis-à-vis de la tradition, enfin les raisons politiques de la faveur marquée avec laquelle l’Allemagne l’a accueillie.

Les vues émises dans le cinquième chapitre sur le Commerce et l’Industrie sont également fort sages. Le principe de la spéculation marchande est placé avec justesse dans « la persistante gradation et dans l’élasticité du besoin » ; l’existence et la nécessité d’un fondement moral pour toutes les transactions commerciales sont victorieusement établies. Le lecteur ne manque pas de s’associer à l’auteur pour demander au marchand une conception plus précise de l’honneur, de la sécurité et du travail, à l’ouvrier plus d’esprit de corps et une plus juste conscience de son état.

Le chapitre consacré à l’instruction est inspiré par l’amour du peuple,