Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/608

Cette page n’a pas encore été corrigée

598 REVUE PHILOSOPHIQUE

appelées hitas qui partent du cœur pour aller dans toutes les direc- tions du corps *. Passant par ces veines, il vient reposer dans le corps. De même qu'un jeune homme, ou un grand brahmane repose au sein d'un bonheur dans lequel toute inquiétude est anéantie, de même repose (le purusha) 2. »

Brh.-âr.-Up., IV, 3, 19. — « Les veines appelées hitas sont comme un cheveu divisé en mille parties; elles sont d'une telle ténuité et remplies de (suc) blanc, noir, jaune, vert, rouge ^ Tout ce qu'étant éveillé on voit d'efîrayant est imaginé dans le rêve par l'effet de l'ignorance. Il semble qu'on vous tue *, qu'on se rend maître de

1. Cf. Praçna-Up., HI, 6. — Dans le corps, le cœur est le lieu où réside la buddhi ou l'organe interne; c'est là (dans le corps) que résident (aussi) les organes externes qui dépendent de la buddhi. Par suite de cette dépendance, celle-ci, obéissant à l'œuvre (mobile de ses actes), déploie comme un filet, en les faisant passer par ces veines, les sens, tels que l'ouïe, etc., pour les localiser dans le tuyau auditif, etc. Après les avoir placés dans leurs sièges respectifs, elle les gouverne. Dans l'état de veille, le purusha fait de connaissance (vijnd- namayaj remplit la buddhi de l'éclat de l'intelligence, c'est-à-dire de sa propre essence qu'il manifeste. Au moment où elle se contracte (dans le sommeil) le purusha se contracte en même temps qu'elle : c'est le sommeil du purusha fait de connaissance*. Sa jouissance (au contraire) consiste dans la perception des agitations, des vicissitudes inhérentes à l'état de veille, car il obéit à la nature de la buddhi, attribut (matériel de l'âme immatérielle), comme le reflet de la lune obéit aux mouvements de l'eau dans laquelle elle se reflète {vijnùjiamaya- sya... jâgradvikshepânubhavo bhogo buddhyupâdhisvabhdvânuvidhdyî hi sah can- drâdipraiivimba iva jalâdyanuvidhdyî). Les objets que la buddhi perçoit dans l'état de veille circulent chacun par une de ces veines. Circulant à leur suite, il (le purusha fait de connaissance) a son siège dans le corps, c'est-à-dire qu'il pénètre entièrement le corps comme le feu (ou la chaleur) pénètre une masse de fer incandescente. Bien qu'il ne soit qu'en lui-même, dans l'état qui lui est propre {svâbhâvika eva svâtmani vartamâno'pi), on dit qu'il réside dans le corps, parce qu'il conforme ses fonctions à celles de la buddhi condition- née par l'œuvre {karmânugatabuddhyanuvrttitvât purilati çeta ity ucyate). Il est de fait que, dans l'état de profond sommeil, il n'a aucune relation avec le corps. (Çankara.)

2. Dans l'état de profond sommeil, le purusha résidant en lui-même, dana sa situation naturelle, s'est dégagé de toutes les conditions de la transmigra- tion. (Çankara.)

3. Ces différences de couleur résultent des combinaisons diverses qui ont lieu entre l'air, la bile et les glaires. — Le linga, ou le corps subtil, composé de ses dix-sept parties, — les cinq éléments, les cinq organes de perception, les cinq organes d'action, le prâna et l'organe interne, — se trouve dans ces veines. C'est là que s'emmagasinent, pour ainsi dire, toutes les impressions recueillies par les sens dans les conditions diverses de la transmigration. Le linga, qui est le siège de ces impressions, est transparent comme le cristal, en raison de sa subtilité, et subit des modifications diverses provoquées et développées par le bien et le mal (accompli antérieurement) sous l'effet des relations delà buddhi avec les sucs qui se trouvent dans les veines susdites. De plus, il reflète les diflérentes impressions recueillies antérieurement, ce qui a lieu quand il évoque des femmes, des chars, des éléphants, etc. (Çan- kara . )

4. Par suite d'une idée qui reçoit le nom d'ignorance et qui a pour cause les impressions recueillies antérieurement. (Çank.)

�� �