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bibliographie. — luigi ferry. Giuseppe Ferrari.

licence leur imposait les grossiers bas de drap noir dont les frères des écoles chrétiennes sont canoniquement chaussés ?

Espérons que la seconde partie des Etudes, en nous apportant plus de chiffres, puisera avec un peu plus de modération aux sources de son aînée.

G. H.


Luigi Ferri. — Cenno su Giuseppe Ferrari e le sue dottrine. — Ex typis Salviucci. Roma, 1877, grand in-8, 10 p.

Cette notice, écrite avec le soin et la sûreté de jugement que M. Luigi Ferri apporte dans ses moindres œuvres, nous offre une excellente occasion de payer notre tribut à la mémoire de G. Ferrari, dont nous nous sommes bornés à annoncer la mort dans notre numéro d’août 1876. Nous devons davantage à la valeur de l’écrivain et surtout à ses sympathies pour la France.

Né à Milan en 1811, il quitta cette ville, ses premières études faites, pour suivre les cours de droit à l’Université de Paris, puis revint à Milan. Il subit dans cette ville l’influence de Romagnosi, qui devait déterminer pour toujours la direction de ses recherches et les tendances générales de son esprit. Le vieux maître inspirait à ses disciples de tels sentiments que, quand il mourut, ceux-ci voulurent porter sa bière sur leurs épaules jusqu’à l’église. Ferrari était du nombre. Il avait collaboré avec lui aux Annales universelles de statistique ; il lui consacra sa première œuvre un peu importante : la Pensée de Jean-Dominique Romagnosi. Comme lui, il devait toute sa vie étudier la philosophie de l’histoire du point de vue expérimental.

Le premier travail qu’il entreprit fut une édition de Vico en six volumes, précédée d’une longue introduction : la Pensée du philosophe napolitain dans ses rapports avec la science de la civilisation, introduction qui parut deux ans après à Paris et en français sous le titre de : Vico et l’Italie (1839). Exilé volontaire en France, il présenta à la Sorbonne deux thèses, l’une sur L’erreur, l’autre sur Les opinions religieuses de Campanella, et obtint le grade de docteur (1840). Nommé aussitôt professeur de philosophie à la Faculté de Strasbourg, il y ouvrit son cours avec éclat en prenant pour sujet la philosophie de la Renaissance. Mais sa parole mouvementée, d’ailleurs paradoxale et quelque peu provocante, non moins que la hardiesse de ses idées, scandalisa plus d’un auditeur ; dénoncé par certains journaux (l’Univers, l’Union catholique), il fut suspendu. « La chaire était perdue, mais la réputation était faite, dit M. Ferri. Son nom appartenait dès ce moment à la grande publicité : la Revue des Deux-Mondes l’acceptait parmi ses collaborateurs, et l’Athénée lui ouvrait à Paris ses salles de conférences. » Quand il rentra dans son pays sous le règne de Victor-Emmanuel, il y fut précédé par une renommée que ses discours