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Revenons maintenant à M. Zöllner : il a suivi de tous points une marche inverse de celle de M. Maxwell. Il admet avec M. Weber la notion de milieux formés de trois sortes d’atomes, les atomes matériels inertes, et les atomes électriques positifs ou négatifs. Une molécule, douée d’une certaine quantité de force vive, est la réunion de plusieurs de ces atomes, formant un système stable, mais dont les diverses parties sont animées de mouvements vibratoires prodigieusement rapides. Les molécules électriques en mouvement constituent les courants moléculaires, imaginés pour l’explication des phénomènes magnétiques et diamagnétiques, mais dont M. Weber a appliqué la notion même aux phénomènes de l’électrisation, et des courants ordinaires, etc.

Pour faire servir ces courants à l’explication des réactions élastiques, M. Zöllner a recours au phénomène connu de l’induction, rattaché déjà par M. Weber, comme une conséquence nécessaire, à sa loi fondamentale des actions électriques. Supposons qu’une cause quelconque rapproche deux molécules d’un corps : les courants électriques dont elles sont le siège, réagissent par induction dans un sens qui tend à gêner le mouvement (loi de Lenz), c’est-à-dire à les ramener dans leur situation primitive. Un écart des molécules, produit par une action extérieure, déterminera de même une variation des courants telle qu’ils s’attirent, et par suite tout se passera comme s’il existait des forces élastiques spéciales, résistant à toute déformation des corps.

L’élasticité se trouvant ainsi expliquée, M. Zöllner fait quelques applications heureuses de sa théorie ; il montre, par exemple, l’identité des lois du frottement et de l’adhésion avec les lois de l’induction électrique, après quoi il se préoccupe d’expliquer la lumière elle-même.

L’éther reçoit la constitution la plus simple qu’il soit possible de lui attribuer : la molécule éthérée est formée d’un atome d’électricité positive et d’un atome d’électricité négative. On peut supposer la masse inerte de ce dernier très-grande, et alors l’atome d’électricité positive circule autour de l’atome négatif en produisant un courant moléculaire. Dans l’éther non agité ces courants doivent être orientés indifféremment dans toutes les directions.

L’éther ainsi défini est susceptible de propager des vibrations longitudinales ; mais il est capable aussi de propager des vibrations transversales. Ces dernières correspondent à une altération périodique de l’intensité du courant constitutif dans toutes les molécules qui se trouvent sur le trajet d’un même rayon. Cette altération constitue une véritable vibration transversale, intérieure à la molécule éthérée, et sa propagation s’opère par inductions successives, avec la vitesse prévue par Maxwell. Toutefois il convient d’observer (et M. Zöllner ne semble pas s’en être aperçu), que cette vibration transversale des molécules est inséparable d’une vibration longitudinale, puisque, par l’effet de l’induction, les forces attractives qui s’exercent entre les courants moléculaires éprouveront une variation de même période qui caractérise l’altération des courants moléculaires. On ne retrouve nulle part