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analyses. — horwicz. Psychologische Analysen

aux mêmes festins que les autres immortels, tous délivrés des douleurs humaines, affranchis des soucis et des larmes. »

A. Burdeau.


Adolf Horwicz. Psychologische Analysen auf Physiologischer Grundlage (Analyses psychologiques sur un fondement physiologique). 2e partie. 1re moitié. Analyse de la pensée. — Halle, Pfeffer, 1875. xii-183 pages.

L’auteur de cet ouvrage, dont le premier volume a été analysé dans notre numéro du 1er janvier 1876, n’aspire à rien moins qu’à renouveler entièrement la science psychologique. Méthode et système, tout, il nous l’affirme, est original chez lui. Sa méthode, on la connaît : c’est l’application large des derniers résultats de la physiologie à l’étude des opérations psychiques. Son système, dont on a vu l’exposé général, consiste à déduire toutes les formes de l’activité spirituelle (représentation, conscience, souvenir, pensée) du fait élémentaire et primitif de la sensation. Ajoutons que, par le terme sensation, M. Horwicz n’entend pas seulement la modification faite sur le sujet pensant par un objet extérieur ; il insiste surtout sur l’impression agréable ou désagréable (Lust-und Unlust-Gefühl) qui accompagne cette modification et qu’il en croit inséparable. Le présent volume sort des généralités où se complaisait le premier ; il a pour objet spécial l’analyse de la pensée, autrement dit la théorie de la connaissance ; il se propose de vérifier sur cette partie capitale de la vie morale le principe posé précédemment, c’est-à-dire de montrer comment toutes les formes de la connaissance dérivent en dernière analyse de la sensation agréable ou pénible.

Avant d’indiquer la marche du développement de cette thèse, nous devons revenir sur une observation à laquelle le premier volume a déjà donné lieu ; elle est relative au manque absolu de précision, de clarté, de composition méthodique chez l’auteur. On devine souvent sa pensée plutôt qu’on ne la saisit ; de fréquentes répétitions fatiguent le lecteur sans l’éclairer ; les résultats des analyses sont disséminés au commencement, au milieu, à la fin ; plusieurs points, enfin, qu’il importait de mettre en pleine lumière, sont enveloppés d’une obscurité qui, malgré nos efforts, est restée pour nous impénétrable. Cela est fâcheux pour tout le monde, et, en particulier, pour M. Horwicz, dont les travaux, s’il ne change pas de manière, resteront inaccessibles à la grande majorité du public instruit. C’est une erreur de croire que le désordre et l’obscurité soient le privilège naturel du philosophe : le lecteur a le droit, au contraire, d’exiger qu’on lui présente avec suite et netteté des recherches d’une nature aussi abstraite, et il n’est pas tenu de refaire pour son compte un travail d’exposition et de composition qui incombait à l’auteur.

I. La pensée, suivant M. Horwicz, prend naissance au moment précis