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grote. — classification nouvelle des sentiments

de phénomènes psychiques élémentaires, à savoir les sensations, les appétits et les mouvements ; car la meilleure classification des faits psychiques consisterait à les diviser en phénomènes : 1° de réceptivité objective et subjective, et 2° d’activité subjective et objective, ce qui aurait pour résultat la classification suivante des états de conscience élémentaires :


I. Réceptivité a. objective, les sensations.
b. subjective, les plaisirs et les peines primitives.
II. Activité a. subjective, les appétits.
b. objective, les mouvements.

Chacun connaît d’après son expérience personnelle que l’action réciproque de l’organisme et du milieu embrasse, quand elle est complète, une série de phénomènes, appartenant à ces quatre classes distinctes et qui se suivent dans l’ordre que nous venons d’observer. Chaque mouvement serait donc la réponse définitive de l’organisme à une sensation quelconque, produite par un autre mouvement extérieur à l’organisme. Les phénomènes subjectifs qui suivent cette sensation déterminent le caractère du mouvement et, comme la sensation est le point de départ de toutes les autres actions psychiques, il est clair qu’il y a autant de plaisirs et de peines, autant d’appétits et de mouvements possibles pour l’être qu’il y a de modes de sensation qui lui sont propres. Mais la même classification des états de la conscience ne s’applique pas seulement aux phénomènes d’un ordre élémentaire ; elle reste intacte lors de l’évolution de ces derniers, et il n’y a qu’à changer les noms pour obtenir une classification parallèle des phénomènes complexes. La voici :


I. Receptivité a. objective, les idées.
b. subjective, les sentiments.
II. Activité a. subjective, les désirs et les volitions.
b. objective, les actions (Handlungen, comme disent les Allemands).

Les sensations deviennent des idées en s’associant les unes aux autres, les sentiments complexes ou secondaires naissent de même de l’association des plaisirs et des peines primitives. Les appétits se transforment de la même manière en volitions, les mouvements en actions. Mais sont-ce là les seuls genres de complication, dont les faits psychiques soient susceptibles ? C’est le principe de la simultanéité qui régit pour la plupart cet ordre d’associations. Mais il y a de plus la succession constante des phénomènes psychiques d’ordres différents qui doit nécessiter un autre genre de liaisons réciproques dans le domaine de la conscience, et nous avons là une