Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
revue philosophique

vie ; il est au contraire parfaitement légitime dans celle que nous traitons.

8° Il est vrai que j’ignore certaines expériences qui infirment ma thèse de l’irréductibilité des deux ordres de faits ; elles l’infirment, sans prouver le contraire, car elles n’établissent pas une « analogie complète » entre les phénomènes que j’ai distingués, mais « parce que elles comportent la discussion ». — Réponse : Ces expériences prouvent, soit des concomitances entre des faits étendus et des faits inétendus, soit des conditionnements de faits étendus par d’autres faits étendus, soit des analogies entre diverses sortes de faits étendus ; aucune ne prouve l’analogie. à quelque degré de l’étendu et de l’inétendu. Le conditionnement serait-il ce que M. Richet appelle l’analogie incomplète ? M. Richet tomberait dans le sophisme signalé par Stuart Mill, sophisme commis jadis par « Thalès et Démocrite ». Notons en passant que M. Richet, en revenant à Thalès malgré Stuart Mill, prétend défendre contre moi la cause du progrès.

J’aurais dû, selon M. Richet, parler de ces recherches, c ne fût-ce que pour en combattre les conclusions. » Quelles conclusions ? celles qui sont légitimes ? Je les respecte. Celles qu’en tire M. Richet ? C’est fait.

9° J’aurais soutenu que « l’application de la physiologie à la psychologie est une chimère ». — Réponse : Ce que M. Richet appelle ainsi a été admis sous le nom de psycho-physiologie, pages 209, 210, 211. J’ai seulement essayé de déterminer ce que postule cette science pour être entreprise et constituée. « L’abîme infranchissable » qui scandalise M. Richet est l’abîme des natures : l’identification des phénomènes est une chimère ; pour ce qui est des lois, des relations dans le temps, des correspondances ou concomitances, il n’y a pas d’abîme ; établir les concomitances des phénomènes irréductibles, voilà la psycho-physiologie.

Il est vrai que cette science, je l’ai déclarée, non pas chimérique, mais très-difficile, et j’ai essayé de dire pourquoi (p. 206 et suiv.). Je demande la permission de citer ici quelques phrases de Lewes, qui est physiologiste et positiviste ; je ne pense pas avoir été aussi sévère : « Le livre du docteur Ferrier, plein de faits d’expérience et de déductions théoriques, écrit avec clarté et avec vigueur, contribuera pour une large part à notre connaissance (ou à notre ignorance) des fonctions du cerveau. Qu’on ne prenne pas ma parenthèse pour une épigramme : notre ignorance en ce qui touche aux fonctions du cerveau ne fait pas un doute, et nous l’entretenons nous-mêmes en acceptant comme des vérités indiscutables les connaissances acquises, ce qui nous empêche de chercher dans d’autres directions, etc… L’auteur adopte la conception, chaque jour plus populaire, mais nullement physiologique, de la localisation. Si les notions courantes sur le cerveau et ses fonctions n’étaient pas dans le chaos…, nous nous étonnerions de voir tant de chercheurs éminents, s’excitant l’un l’autre de la voix dans