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elle était visiblement affaiblie. Après un repos de huit à dix minutes, on répétait la même manœuvre une troisième fois. Il y avait toujours, autant que l’on en pouvait juger, le même mouvement des yeux de l’animal, mais la déviation du miroir s’était manifestement et parfois considérablement affaiblie. Après six ou sept minutes, nouvelle répétition de la même manœuvre, même mouvement des yeux, déviation beaucoup moindre. » Jamais elle ne manquait, mais elle se réduisait enfin à un minimum qui se produisait constamment, même si l’on répétait la manœuvre avec le parapluie jusqu’à neuf fois.

« La haute portée des résultats obtenus, dit M. Schiff, fit naître en moi le désir de répéter ces observations sur des animaux qui, sans être affaiblis par l’opération préparatoire, fussent encore dans leur pleine vigueur et capables de supporter de fortes excitations psychiques, sans faire des mouvements pouvant déranger l’observation. Je savais que les poulets mis à dessein dans certaines positions inusitées entravant la liberté de leurs mouvements, supportent des menaces et de fortes impressions sensorielles sans oser remuer ; de plus, que ces animaux jouissent d’une immunité remarquable contre les suites des plaies cérébrales. Voulant mettre à profit ces circonstances, voici quel était mon plan : implanter dans le cerveau de jeunes coqs une pile thermo-électrique assez petite pour être embrassée de tous côtés par la masse cérébrale, attendre la guérison complète de la plaie du cerveau ainsi que celle des trous d’entrée et de sortie du crâne, donnant passage aux fils conducteurs, et reprendre sur les animaux revenus entièrement-à leur état normal, les expériences relatives aux irritations des différents sens.

« … Lorsque la blessure n’intéresse que les hémisphères, et que le canal parcouru par le corps étranger ne lèse pas les corps quadrijumeaux ou d’autres parties de la base de l’encéphale, l’animal paraît à peine s’apercevoir qu’il a subi une opération, et se remet à courir comme dans l’état normal, soit immédiatement après avoir été opéré, soit après quelques moments d’étonnement ; il recommence bientôt à manger, et ne paraît aucunement troublé. Le jour suivant il y a quelquefois un peu d’abattement, mais jamais à un haut degré. Le troisième jour l’état normal est rétabli.

« … Les poulets, pour être soumis aux expériences, doivent être fixés aussi fermement que possible. À cet effet, on étend leurs jambes en arrière le long du tronc, et on les enveloppe d’un linge faisant plusieurs fois le tour du corps et ne laissant fibres que la tête et le cou (et quelquefois l’extrémité des doigts). L’animal est ensuite placé dans une auge de porcelaine, juste assez large pour