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sence du sentiment, la logique est vivante, et la volonté se manifeste par la lutte. C’est d’après les mouvements divers de la passion en nous que nous apprécions la nature relative des biens, et que, par suite, le bien même nous est révélé ; c’est au genre de contentement ou de peine qu’elle nous met au cœur que nous jugeons le plus sûrement de la valeur morale de nos déterminations, et si, de tous les biens proposés, nous avons choisi le plus fécond, le plus durable, le plus propice à la vie, le plus conforme à l’ordre[1]. »

Si nous passons de l’homme aux animaux et même aux êtres inférieurs, c’est toujours la passion qui, sous les noms d’instinct et de tendance, est le fond de toute existence. C’est parce que chaque être est essentiellement un appétit, appetitus, qu’il est un effort, nisus, et que tous les phénomènes s’harmonisent en lui selon les lois fonctionnelles de la finalité. Dans l’homme seul, l’effort devient volonté, et la volonté liberté, s’il est bien vrai toutefois que nous soyons libres et qu’ainsi la morale repose sur une base certaine. C’est ce qui reste à établir, pour passer à la morale de l’auteur.

Beurier.
(La fin prochainement.)
  1. Psychologie rationnelle, I, 231. M. Renouvier a longuement décrit et classé les diverses passions dans la Science et la Morale.