Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
revue philosophique

Tasso. L’auteur a fait en deux articles un exposé vif et intéressant de l’existence si agitée de ce grand poète qui, comme on l’a dit, au contraire de l’Arioste « a mis sa sagesse dans ses poèmes et sa folie dans sa vie. » Il nous le montre en proie à des courses perpétuelles dans les villes et couvents de l’Italie et ne trouvant nulle part le repos. « Dès sa plus tendre jeunesse, dit notre auteur, on trouve chez Le Tasse des signes précurseurs de cette maladie qui peu à peu devint si violente — mélancolie, exaltation extrême du moi, amour extraordinaire de la louange et des distinctions. » Le Tasse lui-même écrivait : « Ceux qui sont mélancoliques par nature, non par maladie, ont un singulier caractère ; moi, je suis mélancolique par ces deux causes. » Dans la cellule où il était enfermé, « il voyait de terribles apparitions ; des flammes serpentaient, des rats et autres animaux couraient sur le plancher ; des bruits continuels de cloches et d’horloge retentissaient à ses oreilles. Durant son sommeil, il luttait contre des spectres. Il affirmait que même quand personne n’était entré dans sa prison, ses armoires étaient brisées, ses vêtements enlevés, ses lettres tirées de leur boîte et éparpillées sur le plancher, ses livres renversés, etc. » L’auteur est très-favorable au duc d’Este et rejette la supposition d’un attachement de Torquato pour la princesse Léonora.

D. Hack Tucke. Les principales causes de la folie chez les anciens.

Dans une excellente revue psychologique faite par le Dr  Ireland, nous trouvons un cas curieux de perversion de la volonté extrait de la « Correspondenz Blatt. » « Le Dr  Meschede a donné, au congrès de Breslau, l’histoire d’un malade qui se trouvait dans cette situation particulière que quand il voulait faire une chose, spontanément ou d’après les indications d’une autre personne, il (ou plutôt ses muscles) faisait tout le contraire. S’il désirait regarder à droite, ses yeux se tournaient à gauche, et cette anomalie s’étendait à tous les autres mouvements. Il y avait là une simple perturbation de mouvement sans dérangement de l’esprit, perturbation qui différait des mouvements involontaires en ce que le malade ne faisait mouvoir ses membres que lorsqu’il le désirait, d’une manière il est vrai absolument différente de ses désirs. »


ANNALES MÉDICO-PSYCHOLOGIQUES.
Novembre 1876. — Janvier 1877.

Dr  Prosper Despine. Un cas d’hystérie aiguë chez l’homme. Observation curieuse d’une jeune somnambule, présentant des phénomènes nerveux bizarres, mal définis, ayant même un caractère suspect de merveilleux. M. Despine a fait sur son malade quelques expériences concernant le magnétisme et les hallucinations de la vue. Ce qui a trait