Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée

BEURIER. — ' PHILOSOPHIE DE M. RENOUVIER 353

tion et toute identification n'est pas également une détermination ? les termes, tout au moins, seraient mal choisis. Si je considère la qualité, est-ce que la différence n'est pas le genre spécifié, c'est-à- dire l'espèce elle-même qui est posée en troisième terme comme synthèse. Pour parler du nombre, est-ce que toute totalité n'est pas une unité et toute unité une totalité, de sorte qu'il' ne faudrait poser en opposition que l'un et le plusieurs? La plupart des antithèses ne font que constater la simple possibilité qu'a l'esprit de s'exercer sur des données actuelles, futures ou passées.

2f L'ordre d'énumération des catégories n'est pas le même dans la Psychologie rationnelle que dans la Logique générale. La qualité est d'abord placée avant le devenir, puis après; il en est de même pour la causalité et la finalité. Bien mieux, dans les classifications des sciences la poiologie passe avant la posologie. Je sais bien que M. Renouvier s'est placé successivement à différents points de vue : il n'importe , un système des catégories devrait offrir un ordre plus rigoureux i. Cette interversion des termes, surtout pour ce qui concerne la qualité^ tient à d'autres et à de plus graves défauts du système.

3" Peut- on s'en tenir au nombre de catégories fixé par l'auteur? Mais d'abord le devenir ne se confond-il pas avec la succession? L'auteur avoue que si le devenir et la durée sont logiquement dis- tincts, la synthèse est constante quant aux représentations et que les éléments qui les composent ne se séparent que « par une abstraction violente 2. » Je ne nie pas cependant qu'il y ait quelque distinction à établir; il y a des choses qui durent sans changer; mais sans le changement, nous n'aurions pas l'idée de durée et de succession; et de toute manière, si le devenir ne se résout pas dans une seule caté- gorie, il se résoudra dans deux : la succession et la causalité. On peut douter aussi qu'il y ait heu d'établir une catégorie de la rela- tion, puisque la relation est le caractère commun de toute pensée, OU plutôt il faudrait là réunir avec la qualité dont on ferait la pre- mière catégorie : la qualité est en effet d'un caractère absolument général : toute identité, toute ressemblance, toute assimilation, toute analogie et inversement tout contraste, toute dissemblance, toute distinction la supposent et l'expriment. Tout nombre par exemple est tel ou tel, c'est-à-dire qualitatif, tandis que toute qualité n'a pas une expression numérique. Je dois maintenant signaler deux lacunes. Je ne comprends pas

1. M. Renouvier dit qu'il a été du simple au composé (Psychologie, I, 10); raison de plus pour se demander comment cet ordre peut varier.

2. Psychologie, I, 121.

TOME iir. — 1877. 23

�� �