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poursuite des causes premières. Mais si vous êtes conséquents dans votre positivisme, comment pouvez-vous savoir s’il existe des causes premières au-delà des causes secondes, puisque pour affirmer que deux termes sont différents il faut nécessairement les connaître tous les deux ? Les concepts de matière, de force, de cause, de mouvement, de fini, d’infini, etc., etc., sont des concepts métaphysiques, bien que concepts à priori et produits de l’abstraction humaine. L’erreur de la vieille métaphysique consistait à y voir des substances ontologiques et des connaissances à priori. Le progrès du positivisme consiste dans la critique logique de ces concepts et dans la substitution de conceptions plus concrètes à des entités imaginaires… Nous ne savons pas d’ailleurs s’il y a au delà des faits et des phénomènes des causes et des substances distinctes d’eux : …Nous voulons laisser la voie ouverte à la recherche. Nous sommes plus positivistes que les positivistes… Nous ne sommes pas seuls à noter leurs contradictions ; et Janet a déjà affirmé que, dans cette philosophie, il y a des considérations philosophiques qui ne sont pas positives et des considérations positives qui ne sont point philosophiques. »

Telle est la position prise par M. Angiulli en face des problèmes métaphysiques ; tel était l’esprit d’une revue philosophique dirigée par lui, dont la publication a été suspendue. M. Angiulli vient de quitter Bologne et occupe la chaire de philosophie à l’université royale de Naples.

A. Espinas.

J. Soury. — Études historiques sur les religions, les arts, la civilisation de l’Asie antérieure et de la Grèce. Paris, Reinwald.

Ce recueil d’études est, pour la plus grande partie, hors de la compétence de la Revue philosophique. C’est surtout aux historiens, aux érudits, aux critiques, qu’il appartient de le juger. Par certains points cependant et surtout par l’esprit général qui l’anime, il rentre dans notre domaine. « En ces études, dit l’auteur, la doctrine n’a pas moins d’importance à nos yeux que les faits et les théories scientifiques. Nous ne l’avons exposée nulle part (ce n’était pas le lieu), mais elle est l’âme de ces pages. D’autres ont toujours eu une philosophie, nous n’avons qu’une méthode. Ils apportent en ce monde, avec un exemplaire de la loi morale, une édition complète des œuvres de Platon ou de Comte. La nature nous a moins favorisé et nous serions fort empêché de dire à quelle école nous appartenons. »

Lorsque nous voyons l’auteur nous dire qu’on ne peut pas plus connaître la matière que l’esprit et qu’il faut « laisser reposer comme de vieilles armures qui n’iraient plus à notre taille, les spéculations sublimes de l’idéalisme et du matérialisme, » on serait tenté de l’enrôler