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LIARD. — LA LOGIQUE DE STANLEY JEVONS 289

exemples qu'il cite à l'appui de sa thèse, certaines définitions telles que : le cercle = une courbe plane finie de courbure constante, et certaines propositions purement verbales, telles que : x.aWç = cui- vre, pour ne tenir compte que des propositions réelles, il est aisé de voir qu'elles sont loin d'énoncer entre le sujet et le prédicat, identité, égalité ou équivalence. Soit d'abord cette proposition singulière : Jupiter est la plus grande des planètes. Les deux termes dénotent un seul et même objet ; en ce sens ils se confondent, comme nous l'avons vu plus haut ; c'est donc par la connotation qu'ils restent distincts. A ce point de vue sont-ils réellement identiques? Per- sonne ne s'avisera de le soutenir. Jupiter est une somme complexe de propriétés; le prédicat qui en est affirmé est une de ces pro- priétés; il ne saurait donc être identique, égal ou équivalent à la tota- lité dont il fait partie. — Il en est de même pour les termes de cette proposition générale: les dicotylédones sont exogènes; le sujet est une somme de propriétés diverses ; l'attribut est une de ces pro- priétés. — On dira peut-être que si les prédicats sont inhérents aux sujets, c'est qu'ils y sont en partie identiques. — Il est vrai qu'un sujet formel est la synthèse d'un nombre variable de propriétés, et que, si par l'analyse nous les en dégageons une à une, nous obte- nons autant de prédicats. Mais aucun d'eux ne peut être mis en équation avec le sujet auquel il appartient, puisqu'il n'en exprime pas toute la compréhension. Les membres des définitions peuvent seuls être unis par la copule =. Le premier membre est le sujet à définir; il est posé avec tous ses attributs ; le second est l'expression développée de ces mêmes attributs; il y a donc entre l'un et l'autre non pas seulement égalité de dénotation, ce qui, au fond, importe peu, mais identité de connotation, avec cette seule différence que le sujet est le prédicat enveloppé, et le prédicat, le sujet développé. Mais la copule = n'a plus de sens lorsqu'il s'agit d'unir les deux termes d'une proposition proprement dite. Pour qu'elle en eût un, il faudrait que nous eussions restreint la connotation du sujet à ce qui sera connoté par le prédicat ; il y aurait alors identité foncière des deux termes, sous la diversité superficielle des noms. Si, par exemple, Jupiter signifie uniquement pour nous : la plus grande des planètes, il est exact de dire avec M. levons : Jupiter = la plus grande des planètes ; si Bimane signifie uniquement : qui a deux mains, il est exact de dire : Bimane = ayant deux mains. Mais alors la proposition n'est rien autre chose que l'accouplement de deux synonymes; elle perd toute signification réelle, pour ne garder qu'une signification verbale, et, de conséquence en conséquence, on aboutit à cette conclusion qu'au fond tous les objets de la pensée sont TOME III. — 1877. . 19

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