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vent être à peu près en progression géométrique, par exemple : 32, 8, 2, ou bien 100, 20, 4. On juge de cet effet, je suppose, à la lumière d’une bougie placée à une certaine distance de l’appareil. Or, si l’on vient à éloigner ou à rapprocher la bougie, c’est-à-dire à diminuer ou à augmenter dans la même mesure les éclats respectifs des teintes, sans modifier en rien leurs rapports qui restent 32, 8, 2, ou bien 100, 20, 4, l’éclat de l’anneau intermédiaire tend à rejoindre celui de l’extérieur ou du centre. Par conséquent, pour obtenir, à ce nouveau degré de lumière, l’égalité des contrastes, il faudrait modifier la coupe du carton. Il y a donc un degré de clarté qui est le plus propre à nous faire saisir les oppositions d’ombre et de lumière. Helmholtz avait déjà appelé l’attention sur ce fait que certaines photographies des chaînes alpestres ne laissent apercevoir les ombres légères indiquant le modelé de la neige sur les hautes cimes que si on les examine à la lumière d’un jour bien pur. Et d’ailleurs, en nous bornant même aux faits journaliers, est-ce que, le soir, il ne nous arrive pas bien souvent d’agrandir ou de modérer la flamme de notre lampe de travail ? et les animaux nocturnes ne voient-ils pas à la lueur du crépuscule ou à la lueur plus faible encore de la nuit la proie qu’ils sont incapables de distinguer en plein soleil ?

La loi de Fechner ne pouvait donc avoir qu’une portée approximative et encore entre certaines limites.

VI. — Lois de la sensation. Signification de la loi de Fechner.

Le second mémoire aborde un ordre de considérations plus générales. Quand on entre dans un bain ou trop chaud ou trop froid, tout le monde a pu le remarquer, la sensation est plus vive au premier instant, mais l’impression pénible ne tarde pas à s’effacer. De même si, au milieu du jour, on pénètre dans une cave éclairée par une simple bougie, c’est tout au plus si on commence par en voir la faible lueur, puis l’on finit par s’y accoutumer au point que non-seulement on distingue parfaitement la bougie, mais les objets que l’on a autour de soi. Si après cela on revient à la lumière, on éprouve un véritable éblouissement, et il se passe de nouveau un certain temps avant qu’on y soit de nouveau familiarisé. La sensation n’a donc pas une intensité constante, bien que l’excitation reste constante ; elle varie d’instant en instant par suite de l’accommodation de l’organe à la cause extérieure qui agit sur lui. Les divers sens