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dre des données plus complètes ; mais nous croyons aussi qu’il faut se garder de dénégations prématurées, d’objections à priori ; mais, surtout, nous ne pouvons admettre avec le critique de Mind, que la vieille phrénologie, avec ses facultés, ait été, en quoi que ce soit, plus scientifique que les essais actuels de localisation[1].

Centres moteurs. Si l’on détruit la surface du cerveau indiquée par les points de 1 à 12, et a. b. c. d, on observe des paralysies des différents muscles qui se contractaient sous l’influence de l’électrisation des points de l’écorce qui leur correspondent.

Chez le chien, comme chez le singe, on observe une hémiplégie à la suite de la destruction des centres moteurs, mais si l’animal survit, la paralysie disparaît. À quoi tient cette réapparition de la motricité ? MM. Carville et Duret l’ont attribuée à un phénomène de suppléance qui s’établirait dans les parties environnant les centres détruits — ce qui impliquerait par exemple, que le centre des mouvements du membre postérieur pourrait être suppléé par celui de la vision. Pour M. Ferrier, il n’y a point de suppléance, et les mouvements qui reparaissent sont sous la dépendance immédiate des corps striés, et par conséquent de nature purement réflexe, automatique, les mouvements volontaires étant abolis. Les pages qu’il a consacrées à l’étude de cette question sont parmi les meilleures de son livre. Il montre comment, chez les différents animaux, il y a une variation dans le degré de subordination des centres nerveux par rapport les uns aux autres. Ainsi, contrairement à ce qui passe chez le chien, la destruction des centres moteurs chez l’homme et le singe a pour conséquence une abolition complète et permanente de certains mouvements ; de même, après la destruction des corps striés, un lapin peut encore se tenir debout, tandis que la même lésion a pour effet chez le chien une paralysie du côté opposé du corps, si la lésion est unilatérale.

Nous avons vu quelles sont les fonctions que M. Ferrier attribue aux parties moyennes et postérieures du cerveau qui renfermeraient les centres sensitifs et moteurs. Il nous reste encore à examiner une dernière localisation : celle d’une sorte de faculté, de pouvoir psychique : l’attention. Si l’on enlève sur un singe les lobes antérieurs (ce qui est à gauche de la ligne a b), l’animal continue à sentir et à vouloir, quand il survit à l’expérience ; « mais il a subi une altération psychologique considérable. Au lieu de s’intéresser, comme auparavant, à ce qui se passe autour de lui, au lieu d’examiner curieusement ce qui tombe dans le champ de son observation, il reste apathique, hébété, assoupi, ne répondant qu’aux impressions du moment… Sans être privé d’intelligence, il a perdu la faculté de l’attention. »

Dans un chapitre intitulé : « les hémisphères au point de vue psychologique, M. Ferrier a exposé le fonctionnement des diverses parties du cerveau, surtout d’après Bain et Spencer. Son étude du sens muscu-

  1. Mind. Tome II, p. 97.