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g. compayré. — les principes de l'éducation.

trouvons les qualités ordinaires de l’auteur, avec plus de justesse et de mesure que n’en promet peut-être l’Introduction à la science sociale, avec plus de bon sens pratique qu’on n’est disposé à en attendre du hardi penseur auquel sont dues les grandes conceptions spéculatives des Premiers principes[1]. Il n’est guère de livre où la vivacité de l’esprit, où la verve piquante du détail vienne plus agréablement animer un fonds de raisonnements solides, et dont il soit plus utile d’extraire la substance pour préparer cette pédagogie rationnelle qui compte au premier rang parmi les desiderata de notre époque. « La tâche de notre temps, disait récemment M. Virchow, est de fonder une science de l’éducation qui proscrive à jamais cette éducation ignorante et pleine de tâtonnements dont les expérimentations sont toujours à recommencer. »

I


Tout système d’éducation suppose à la fois une morale, j’entends par là une certaine conception de la vie, de la destinée humaine ; et une psychologie, c’est-à-dire une connaissance plus ou moins exacte de nos facultés et des lois qui président à leur développement. Il y a, en effet, dans l’éducation deux questions principales : 1° Quels sont les objets d’étude et d’enseignement propres à susciter les qualités dont l’ensemble constitue le type de l’homme bien élevé ? 2º Par quelles méthodes apprendra-t-on vite et bien à l’enfant ce qu’on est convenu de lui enseigner ? Il y a, en d’autres termes, la question du but et la question des moyens:la morale est nécessaire pour résoudre la première; la psychologie, pour éclairer la seconde. Quand on sait ou quand on croit savoir à quel rôle multiple l’homme est appelé ici-bas, on est en état de déduire rationnellement la nature des connaissances et des sentiments qu’il lui importe d’acquérir pour se rapprocher de son idéal. Quand on connaît, d’autre part, les facultés naturelles dont il dispose, les instruments que la nature a mis à son service, il devient facile ou tout au moins possible de combiner les procédés les plus avantageux pour le perfectionner et le développer selon la loi de sa destinée.

C’est d’après ce plan que M. Spencer a ordonné les diverses parties de son œuvre. Sous ce titre : Quelle est la connaissance qui a le plus de prix ? le premier chapitre n’est au fond qu’une suite de

  1. Education, intellectual, moral and physical, by H. Spencer, 1 vol. in-8, Londres, 1861.