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matiques de Schopenhauer doivent lui être comptées comme des services rendus dans l’intérêt de la vérité.

8. — Le logique.

Nous arrivons maintenant à la position prise par Bahnsen relativement au logique lui-même, aux arguments par lesquels il combat le caractère logique du développement. Remarquons tout d’abord qu’il n’est pas disposé à nier absolument le fait d’un développement, mais seulement l’hypothèse que ce développement est logique. Il dit : « la ressemblance parfaite qui existe entre la volonté immobile en elle-même et les forces encore renfermées dans leur germe, c’est là un des thèmes principaux de nos recherches spéciales sur l’essence du motif, comment donc pourrions-nous écarter le concept du développement spontané pris en lui-même ? Nous ne refusons pas d’admettre « l’évolution » en elle-même, nous contestons encore moins l’idée qu’une chose existant d’abord « implicitement » devienne ensuite une réalité, et qu’une chose existant jusque-là seulement en un point puisse se développer dans le temps et dans l’espace. Mais ce que nous contestons, c’est que nous ayons là l’opposition en elle-même d’une idée purement logique, une opposition, dont la nature logique ait pour conséquence que son énonciation contienne toujours en elle, dans l’enchaînement d’une disposition logique, « le développement » du réel, pour ainsi dire « l’enchâssement d’un schéma de subordination dans un résumé logique. »

Aussi longtemps que Bahnsen ne renonce pas à l’immutabllité absolue de la substance individuelle monadologique, il réduit tout développement, même dans l’individu, à une simple apparence ; aussi longtemps qu’il reste attaché à la dialectique réelle, il transporte le fait que l’être individuel va jusqu’au terme de son existence dans le domaine de l’antilogique. Mais si on néglige ces deux points, qui ont déjà été examinés auparavant, et si l’on demande si le fait empirique du développement individuel possède un caractère logique, on peut seulement répondre négativement dans le cas où l’on résout cette question avec le jugement préconçu de Bahnsen, que le logique ne peut pas être pensé autrement que sous la forme d’une disposition schématique, comme « un schéma vide d’une graduation logique, » comme un assemblage de constructions mentales, en un mot comme un agrégat ou un enchâssement d’abstractions discursives. Mais c’est là précisément le contraire de cette logicité de l’Idée, telle que je l’admets, intuitive, immanente, existant en dehors du temps.