Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
e. de hartmann. — un disciple de schopenhauer.

tandis que le dernier a seulement le droit de s’asseoir sur les degrés qui y conduisent. Cette condition réciproque insoutenable peut être écartée par deux moyens opposés : ou bien on prend au sérieux l’idéalisme objectif ou métaphysique et on le place à la même hauteur que le monisme de la volonté, auquel on le relie organiquement, ou bien on le transforme en une fantasmagorie subjective et on l’élimine ainsi complètement du domaine métaphysique. J’ai suivi la première méthode qui conduit nécessairement à rattacher la philosophie de Schopenhauer à l’idéalisme métaphysique restreint de Hegel ; elle indique que je n’admets pas la prétention de Schopenhauer au titre de possesseur unique de la vraie philosophie en opposition avec la direction idéaliste de la philosophie. La deuxième méthode est la seule qui promette de conserver l’exclusivité du Schopenhauerianisme spécifique et s’engage à en réaliser le principe particulier dans toute sa pureté, en le débarrassant de tous les points de vue obscurs, qui se trouvent encore chez l’auteur de la métaphysique de la volonté.

Bahnsen vise évidemment à ce dernier but, et il est clair que le réalisme pur de la volonté, dans lequel on déclare que l’idée est simplement la forme sous laquelle l’essence de la volonté se reflète dans la conscience, ne possède plus aucun moyen pour mettre l’être dans un rapport intelligible avec le phénomène, si l’on ne réussit pas à découvrir un mouvement existant dans l’intérieur de la volonté qui mette l’éternelle constance de la volonté dans le courant d’un processus. En réalité, la scission intérieure de la Volonté aveugle, illogique, semble seule pouvoir être une telle forme de mouvement qui fait abstraction de tout ce qui est idéal et se trouve uniquement dans la sphère de la volonté. Voilà pourquoi le procédé illogique des êtres doués de volonté qui sont leurs propres bourreaux est la seule conséquence raisonnée d’un réalisme de la volonté qui prétend se débarrasser du secours éventuel caché par Schopenhauer dans l’Idée. C’est donc à Bahnsen que revient le mérite historique d’avoir montré à quoi la doctrine de Schopenhauer doit logiquement aboutir, si elle veut se développer d’une manière complètement exclusive. La divergence accessoire relativement au monisme et au pluralisme n’a aucune importance pour cette question. En démontrant que la dialectique réelle de Bahnsen est insoutenable, nous nous sommes convaincus en même temps que cette méthode de développer la doctrine de Schopenhauer entraîne dans le bourbier de l’illogique pur, c’est-à-dire du pur non-sens ; et ainsi nous avons prouvé en même temps que la méthode opposée est nécessairement la bonne. Bien plus, nous avons fait voir par là que les inconséquences systé-