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série partielle de développements (peut-être aussi tout simplement une phase limitée par le temps) dans la vie d’un organisme. La vie de l’homme à son tour est un élément constitutif de la vie de la nation, la vie de la nation est un élément constitutif de la vie de la race, et celle-ci un élément du développement de la civilisation de l’humanité. En outre, c’est de cette façon que les espèces et les variétés inférieures forment des chaînons dans l’histoire généalogique des espèces et des variétés supérieures, et que la vie du règne végétal et du règne animal, qui se complètent et se conditionnent réciproquement, concourt à la marche progressive de l’organisation terrestre dans sa totalité. C’est ainsi, enfin, que le développement de la nature organique, ainsi que celui de la nature inorganique constituent des roues engrenantes dans ce développement général de la nature, lequel à son tour devient un moment mis en réserve pour le développement universel, dès que ce dernier est reconnu pomme étant la condition et le moyen du développement intellectuel.

Faut-il borner cette spéculation au développement individuel de notre planète ? Est-il donc tellement impossible que notre vie intellectuelle participe comme élément de fécondation à un autre genre de développement particulier, à une individualité cosmique plus élevée, etc. ? Des fragments de notre terre désagrégée par suite d’une congélation ne peuvent-ils pas porter aux habitants futurs d’autres planètes la connaissance de notre civilisation particulière, de même que les briques déterrées et couvertes d’une écriture inconnue, appartenant à des langues inconnues, nous révèlent aujourd’hui la poésie et l’histoire de certains États civilisés qui ont péri depuis longtemps ? Le soleil lui-même ne pourrait-il pas être destiné à absorber et à utiliser la culture intellectuelle de toutes les planètes pour les progrès de ses futurs habitants, comme il est destiné physiquement à absorber les masses constitutives de ces planètes ? Et nos descendants terrestres ou solaires ne pourraient-ils pas entrer un jour en relation avec leurs frères des étoiles fixes, à l’aide d’une télégraphie spectroscopique, qui conduirait à l’échange des trésors intellectuels des différents systèmes planétaires ? Certainement ce sont là préalablement des rêves fantastiques sans aucune base solide, mais ils restent du moins dans le domaine de la réalité naturelle et ne s’égarent pas comme les conséquences de l’individualisme de Bahnsen dans des régions complètement mystiques. Ils doivent seulement faire voir que les possibilités d’engrener le développement tellurique, même au point de vue intellectuel, dans un développement cosmique sont bien nombreuses et qu’il est inutile