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ANALYSESbasevi. — Scienza della Divinazione..

tuition d’espace, mais d’une opposition entre la perception et la représentation. Les vues de J. Stuart Mill sur la notion du monde extérieur, nous paraissent, pour parler la langue du docteur Gœring, beaucoup plus critiques que celles d’aucune école de philosophie allemande ; elles ont besoin cependant d’être aussi corrigées sur plusieurs points.

Nous signalerons encore dans le livre de Gœring une autre erreur capitale, une contradiction très-commune en Allemagne depuis Kant et qui consiste à affirmer d’un côté que l’espace est dans le moi, dans la pensée, et en même temps à soutenir que le moi, la pensée sont des êtres inétendus, des centres mathématiques. Gœring va jusqu’à placer dans l’idée du moi l’origine de notre idée du point et dans le mouvement du moi, l’origine de l’idée de la ligne. Ce ne sont là que des paradoxes. Le moi est en réalité un groupe de phénomènes, et a, en tant que groupe, une extension. C’est pour cette raison que la réalité d’espace coextensif à la conscience du Moi nous est donnée dans chaque fait de conscience. De la combinaison de cet espace donné dans la connaissance perceptive, avec l’espace donné dans l’ensemble des connaissances représentatives possibles, nous formons notre idée de l’espace universel coextensif à l’existence connue ou possible, coextensif à la totalité des objets de la pensée, présentative ou représentative.

Léon Dumont.

Abramo Basevi. — 1º Sul prtngipio universale della divinazione ; saggio filosofico. Firenze, 1871 ; 2º La divinazione e la scienza ; cenni. Firenze, 1876.

Toute doctrine qui admet la multiplicité des substances s’engage par là même à expliquer leurs rapports. Comment des êtres immuables, simples, Spirituels, indépendants les uns des autres par définition, entrent-ils en communication et réussissent-ils à se pénétrer ? Tel est le problème que M. Basevi s’est proposé de résoudre, bien décidé à en maintenir les données, c’est-à-dire en s’interdisant comme un crime de recourir à l’unité de substance, à l’identisme. C’est donc une solution spiritualiste du problème de l’harmonie universelle que nous présentent ces deux ouvrages ; et il n’est pas difficile de deviner en quoi elle consiste : Dieu établit entre l’innombrable multitude des substances séparées, une correspondance telle que, toutes closes qu’elles sont les unes aux autres, elles se développent comme si elles se connaissaient mutuellement et tiennent compte en toute rencontre de leurs phénomènes réciproques.

Mais, dira-t-on, nous connaissons cela : c’est l’harmonie préétablie. Il y a quelques différences si l’on en croit M. Basevi entre son système et celui de Leibniz. Les monades n’ont, en somme, de rapports qu’avec