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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS


A. Horwicz : Zur naturgeschichte der gefuehle. (De l’histoire naturelle des sentiments.) Berlin, 1876, in-8º.

Ce petit opuscule forme la 249e livraison de la Collection de Traités scientifiques publiés par Virchow et Holgendorff (Sammlung gemeinverstaendlicher Wiseenschaftlicher Vortraege). — L’auteur, connu déjà par plusieurs publications philosophiques, résume en une quarantaine de pages ses vues sur la nature des sentiments.

Par « sentiments » il entend les faits de plaisir et de peine de l’âme, les états que nous sentons comme agréables et désagréables (p. 3). Il montre l’insuffisance de la théorie adoptée par Kant, d’après laquelle le plaisir et la peine seraient la conscience de ce qui favorise ou empêche la vie. Il y a, dit-il, des choses très-nuisibles qui malheureusement sont senties comme agréables ; c’est ce que prouve le lendemain dés excès. Un châtiment très-désagréable peut être fort utile à un enfant pour son éducation ; de, plus le degré des sentiments objectifs de plaisir ou de douleur n’est pas d’ordinaire en proportion de l’utilité ou du désavantage de l’état correspondant de l’individu. Dans certaines maladies pernicieuses, par exemple le typhus, les plus graves altérations de l’organisme sont à peine senties (pp. 7, 8).

Horwicz préfère avec raison la théorie de Lotze à celle dé Kant. Lotze, dans sa Psychologie médicale (chap. 2), fait consister le plaisir et la douleur dans le rapport de l’excitation avec la fonction des nerfs, l’excitation étant agréable, quand elle est appropriée à la fonction du nerf et favorise sa nutrition, désagréable au contraire quand elle est trop forte ou trop faible ; trop forte, elle épuise sa substance au-delà de la réparation actuellement possible ; trop faible, elle n’excite pas le nerf suffisamment. Mais tout en déclarant que cette manière de voir répond mieux aux faits que celle de Kant, Horwicz reconnaît qu’il reste à expliquer pourquoi le plaisir et la douleur sont attachés à l’augmentation ou à la diminution de fonctionnement des nerfs. Horwicz s’en tient cependant à une explication qui n’est pas plus complète : « Ce qui est proportionné ou disproportionné à la fonction d’un nerf particulier étend ensuite son effet de manière à se faire sentir pour la totalité du système nerveux et, par conséquent, de l’organisme (p. 9). » Horwicz présente modestement cette loi comme un principe en quelque