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analyses. — volkmann. Manuel de Psychologie.

conceptions de la psychologie. Plus d’un partisan exclusif de la méthode inductive n’a-t-il pas rejeté aussi nettement que lui l’hypothèse des facultés ?

Le chapitre consacré à la psychologie mathématique (tom. I, p. 476 et suiv.) mérite de nous arrêter. Il est très-propre à nous faire entrer dans l’esprit de l’école de Herbart et à nous faire comprendre ce que ce philosophe s’est proposé par l’emploi d’une méthode si nouvelle.

Un passage bien peu connu de Wolff, montre qu’il a eu un pressentiment de la méthode suivie plus tard par Herbart, Fechner et plusieurs de nos contemporains. Le disciple de Leibniz a conçu la possibilité d’une psychéométrie. Dans sa Psychologia empirica, §522, après avoir exposé quelques théorèmes, il ajoute : Theoremata hæc ad Psycheometriam pertinent, quæ mentis humæ cognitionem mathematicam tradit et adhuc in desideratis est… Hæc non alio fine a me adducuntur quam ut intelligatur dari etiam mentis humæ cognitionem mathematicam atque hinc Psycheometriam esse possibilem atque appareat animam quoque in eis quæ ad quantitatem spectant leges mathematicas sequi, veritatibus mathematicis, h. e. arithmeticis et geometricis, in mente humana non minus quam in mundo materiali permixtis. — Volkman von Volkmar pense avec Rosenkranz que la première application systématique des mathématiques à la psychologie, fut faite par un médecin de Vienne, Niesley, qui est resté complètement oublié, mais qui doit être considéré comme le précurseur ignoré de Herbart.

La psychologie mathématique, dit notre auteur, n’est pas, comme l’a prétendu Fortlage, « un divertissement ingénieux sur des grandeurs imaginaires. » Elle consiste à soumettre à une exposition systématique toutes les déterminations quantitatives qui se rencontrent nécessairement dans l’ordre psychologique. Les idées d’action et de réaction, d’intensité des représentations, de mouvement des divers états de conscience se rencontrent, sous un nom ou sous un autre, dans tous les systèmes de psychologie et même dans la langue commune. Il est certain que tous ces faits ont, en partie au moins, un caractère quantitatif. L’exposition mathématique ne se distingue donc de l’exposition commune qu’en ce qu’elle cherche à poser avec exactitude et précision ce que l’usage commun laisse indéterminé. Il est injuste de confondre les essais de l’école de Herbart avec cette prétendue philosophie mathématique qui ne consiste qu’en jeu vide de formules, en déductions et en calculs arbitraires. Tout d’abord la psychologie mathématique ne se propose nullement d’être toute la psychologie. Elle s’interdit toute recherche sur la nature de l’âme, sur ses rapports avec le corps, sur l’origine des états de conscience (vorstellugen) ; elle n’applique point le calcul aux états simples. Sa seule prétention — et elle est justifiée — c’est de donner une méthode pour trouver la formule exacte des lois générales qui règlent les rapports réciproques des représentations, et d’essayer une mécanique des états intensifs de la vie spirituelle.